Il y a quelques semaines, dans une allocution qui a fait date et a marqué les esprits par sa sincérité, l'empereur Akihito du Japon, 82 ans, considérait en toute lucidité sa finitude et son déclin physique, évoquant l'avenir du Trône du Chrysanthème. Une condition mortelle dont il prend encore plus la mesure avec la mort de son oncle Takahito, prince Mikasa, jeudi 27 octobre 2016 à l'âge canonique de 100 ans.
La famille impériale a annoncé avec tristesse le décès de son doyen, qui aurait eu 101 ans le 2 décembre 2016 et a succombé à une crise cardiaque alors qu'il était hospitalisé pour une pneumonie. Il figurait en cinquième position dans l'ordre de succession au trône, à la suite de ses petits-neveux le prince héritier Naruhito et le prince Fumihito d'Akishino (fils de l'empereur actuel), son arrière-petit-neveu le prince Hisahito d'Akishino, qui fêtait récemment ses 10 ans (fils du prince Fumihito et seul petit-fils de l'empereur, et son neveu le prince Masahito de Hitachi (frère cadet de l'empereur).
Benjamin des quatre fils de l'empereur Taishō et de l'impératrice Teimei et dernier survivant d'entre eux depuis la disparition en 1989 de l'empereur Showa, aîné de la fratrie, Takahito avait servi dans l'armée nippone (avec le grade final de major) lors de la Seconde Guerre mondiale. Marié en 1941 avec Yuriko Takagi (93 ans), qui lui a donné cinq enfants dont seuls leurs deux filles (Yasuko et Masako) sont encore en vie, il avait après la fin du conflit et la défaite japonaise suivi un cursus à la fac de lettres de Tokyo puis étudié l'archéologie, le Moyen-Orient et la sémiologie. En tant qu'archéologue et linguiste orientaliste, il a enseigné dans nombre d'universités, au Japon, mais aussi à Londres. Il était encore, au moment de sa mort, le directeur de la Société japonaise d'études moyen-orientales.
Diminué ces dernières années bien que parfaitement remis d'une opération du coeur en 2012, le prince Mikasa, premier membre de la famille impériale à être centenaire, n'apparaissait plus que très rarement en public. En revanche, il continuait d'être actif, faisant quotidiennement de l'exercice avec son épouse dans leur résidence de Tokyo et sortant souvent se promener, en fauteuil roulant. "Rien ne va changer, déclarait-il au moment de franchir le cap des 100 ans. J'aime passer mes journées de manière plaisante et paisible, priant pour le bonheur des peuples du monde entier et remerciant ma femme, Yuriko, qui m'a soutenu pendant plus de soixante ans."