La vie d'une princesse moderne est faite de contrastes, s'ébattant tantôt dans les fastes du grand monde, tantôt se débattant avec les problématiques du commun des mortels. Ainsi, au bout d'un mois d'août riche en heureux événements et en mondanités, la princesse Mary de Danemark s'est préparée à un spectacle insoutenable, celui d'enfants affamés, et s'est envolée pour le Kenya. Une visite au camp de réfugiés somaliens de Dadaab, le plus grand au monde, du 26 au 28 août, en sa qualité de marraine du Commissariat danois aux réfugiés, elle qui est également marraine de nombreux programmes de soutien à la maternité (notamment, depuis juin 2010, au sein du Population Fund des Nations-Unies) dans des régions défavorisées.
Juste avant de décoller pour l'Afrique, un déplacement décidé en urgence et pour lequel elle a annulé sa participation à l'inauguration du festival d'Aarhus par son époux le prince Frederik, la princesse de 39 ans s'était néanmoins attardée au palais de Christiansborg en l'honneur d'Ove Ollerup, Lord Chamberlain de la cour danoise depuis 2003, qui fêtait ses 60 ans. Dernière festivité aoûtienne après le mariage d'Anders Kirk Johansen, héritier de l'empire LEGO, et Anja Buchwald, puis la croisière estivale sur les côtes du Jutland avec les jumeaux Vincent et Joséphine, l'anniversaire a donné lieu à une belle réception rassemblant personnalités politiques et de la vie civile. Au côté du maître de cérémonie Christian Eugen Olsen, la princesse Mary a elle-même adressé ses félicitations et remis un cadeau au héros du jour.
Quelques heures plus tard, elle atterrissait au Kenya, laissant son mari le prince Frederik avec quatre bambins à charge. Entre les adorables jumeux de sept mois Vincent et Josephine, l'espiègle prince Christian (5 ans) et sa petite soeur la princesse Isabella (4 ans), le prince n'avait pas trop de l'aide de deux nounous pour quitter le palais d'Amalienborg et se promener au parc d'Amaliehaven, le 27 août.
A des milliers de kilomètres de là, la princesse Mary découvrait la détresse des réfugiés somaliens du camp de Dadaab, dans le nord du Kenya, alors que l'Est de l'Afrique endure une famine terrible. La maman de quatre enfants a admis avoir beaucoup pensé à ce qu'elle allait découvrir, notamment des enfants souffrant de malnutrition : "C'est quelque chose à quoi vous n'êtes pas préparé, et je dirai que c'est l'une des choses qui m'ont le plus obsédée avant de venir - comment réagit-on quand les filtres que nous avons chez nous disparaissent. Et je pense que ça va me marquer pour un bout de temps."
A des journalistes danois qui la suivent, elle a confié ses premières impressions : "Ça a été un véritable choc, et malgré tout une expérience pas dénuée d'espoir. Parce qu'il faut bien garder en tête que ceux qui ont atteint le camp reçoivent l'aide dont ils ont besoin. Mais on ne peut pas ne pas penser à ceux qui n'ont strictement rien, pour eux, c'est bien pire."
Accompagnée notamment de son compatriote Søren Pind et de membres d'organisations humanitaires telles que la Croix-Rouge, la princesse Mary, face au désastre de cette famine et de la sécheresse qui sévit (la pire depuis 60 ans, dans la région), et au contact des populations en souffrance (un copieux diaporama proposé par le site b.dk permet d'observer cette rencontre), s'est blindée psychologiquement : "Le but, ce n'est pas que je sois là à pleurer sur leur sort. Il faut voir les choses d'une façon pragmatique, voir la manière dont les réfugiés seront accueillis, comment ils sont rapidement guidés, acheminés là où ils doivent dresser leur camp et monter leur tente. Ils sont vaccinés contre la polio, contre la rougeole. Ceux qui sont vraiment mal en point vont au dispensaire, ainsi que les enfants souffrant de sévère malnutrition et d'autres maladies."
Devant les caméras de la chaîne danoise TV2, elle n'a toutefois pu s'empêcher de reconnaître que "c'est dur de voir des enfants en bas-âge qui ont déjà traversé tant d'épreuves avec leur famille et n'ont même plus la force de bouger".
Au premier semestre 2011, on estime à 83 000 le nombre de Somaliens qui ont émigré vers le Kenya, et à 54 000 ceux qui ont pris la direction de l'Ethiopie, fuyant la famine et les faits de violence dans leur pays.
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