A Athens (Georgie, Etats-Unis), Laure Manaudou affiche un sourire olympien et une forme (presque) olympique. A 24 ans, la jeune maman d'une petite Manon aborde sa seconde carrière sous les meilleurs auspices : pour son grand retour à la compétition et sa première épreuve officielle depuis un meeting à La Réunion en décembre 2008, l'ancienne championne olympique et championne du monde s'est fait plaisir jeudi en terminant deuxième de la finale du 50 m nage libre avec un chrono canon à la clé : 25''84, son record personnel (le record du monde de la spécialité est détenu depuis 2009 par l'Allemande Britta Steffen, en 23"73). Plus satisfaisant encore, elle améliorait son temps des séries (25"93, record personnel établi quelques heures plus tôt et déjà surpassé) pour inquiéter Megan Romano, victorieuse pour trois centièmes (25"81).
Deux ans et demi après sa dernière apparition en compétition, sa performance est un vrai motif de satisfaction, qui jette les bases de son travail à accomplir pour espérer se qualifier dans quelques mois pour les JO de Londres 2012, qu'elle désire disputer en compagnie de son bien-aimé Frédérick Bousquet et de son frère Florent. "On est exactement dans les temps qu'on avait prévus surtout sur cette distance qu'elle ne travaille pas souvent à l'entraînement", s'est félicité Brett Hawke, le coach américain d'origine australienne qui encadre Fred et Laure à Auburn (Alabama).
Laure Manaudou avait annoncé il y a quelques jours qu'elle renagerait pour la première fois en compétition à l'occasion du meeting d'Athens (15-17 juillet), où elle doit s'aligner ce vendredi sur 100 mètres dos et du 200 mètres nage libre. La jeune femme est autorisée à faire son retour en compétition homologuée depuis le 5 juillet et l'expiration à cette date du délai de carence conventionnel de 9 mois consécutif à l'envoi à la Fédération Internationale de Natation (FINA) de sa lettre d'intention signifiant sa volonté de reprendre la compétition.
Côté business...
Retraitée depuis septembre 2009, de retour à l'entraînement depuis septembre 2010, Laure Manaudou peut envisager avec enthousiasme la suite, "ressuscitée" pour la natation. Même si son come-back écrasant médiatiquement ne fait pas le bonheur de ses consoeurs, qui ne sont d'ailleurs pas les seules à se montrer timorées : les annonceurs ne s'enflamment pas, loin s'en faut. Le Figaro a mené sa petite enquête et parle de "prudence", voire "d'indifférence". "Son retour sportif reste la priorité", coupe court son avocat et agent Didier Poulmaire, qui se défend de toute "stratégie marketing". Et de préciser : "Nous avons d'ailleurs demandé à ses partenaires (Cadum, Aubert, Mattel, LPG) de ne pas lui mettre la pression." Des propos frappés au coin du bon sens quand on se souvient que la terrible contre-performance de Laure Manaudou aux JO 2008 de Pekin avaient sonné le glas de sa carrière d'égérie auprès de grandes enseignes (Lancel, EDF) - même si celles-ci avaient prétendu que sa débâcle sportive n'était pas en cause. C'est, plus tard, en jeune femme et en maman que la championne a tapé dans l'oeil d'une nouvelle vague de partenaires commerciaux.
Le Figaro rappelle que le contrat de mécénat qui la liait à PPR et son président François Pinault est "suspendu, pas rompu".
François Guyot, directeur général de l'agence Sport Market sollicité par le quotidien, analyse ce round d'observation : "Ces marques vont sans doute attendre les qualifications pour les JO 2012 pour s'assurer qu'elle peut redevenir une vraie championne." Tandis que Christophe Bouchet, président de l'Olympique de Marseille et ancien directeur de Sportfive, explique la défiance des marques : Elles "sont plus frileuses et soucieuses de l'image que le sportif qu'elles sponsorisent renvoie au grand public, l'important pour elles est de limiter au maximum l'aléa sportif".