L'histoire belge, qui s'annonce bien amusante, aurait pu prendre un tour carrément croquignolet : las, le prince Laurent de Belgique n'a pas vraiment le don de faire rire les autorités de son pays - il les fait plutôt criser -, ce qui lui a coûté une opportunité de se lancer dans une carrière cinématographique...
Le Pierre Richard de la famille royale, quasi-paria pour la classe politique du Plat Pays et rejeton encombrant pour son père le roi Albert II en raison de ses écarts de conduite récurrents, a été approché pour jouer dans une comédie bientôt en salles mettant la "belgitude" à l'honneur, ont révélé cette semaine les médias de son pays.
Il était une fois, une fois, de Christian Merret-Palmair et attendu dans les salles obscures dès le 15 février avec François-Xavier Demaison en tête d'affiche/tête couronnée, raconte, dans une ambiance déjantée de "very bad trip belge" à la sauce Bienvenue chez les Ch'tis, l'opération punitive qu'organise un trio de Belges contre un palace parisien (le somptueux Westin, quartier Louvres-Tuilerie) dans le but de venger l'un d'entre eux, recalé par l'établissement à un entretien d'embauche comme concierge au motif qu'il est... trop belge. Illico, le Franco-Belge discriminé, Willy Vanderbrook (FXD), aidé par un limonadier désabusé nommé Serge Luyperts (Charlie Dupont) et son ex-beau frère Frank Vrut (Jean-Luc Couchard), un indépendantiste wallon gentiment psychopathe, va préparer sa vengeance : il retourne au palace belgophobe en se faisant passer pour le prince Louis de Belgique, héritier du trône, et profite de son imposture pour tout mettre sens dessus dessous avec ses deux acolytes. Une combine qui va aller loin, très loin, et se transformer en véritable escroquerie lorsque la charmante Anne Marivin, qui a démasqué les usurpateurs, va vouloir mettre son grain de sable...
Or, ce personnage de prince fantasque et incontrôlable aurait été inspiré du prince Laurent de Belgique lui-même, de l'aveu du comédien Jean-Luc Couchard, un des deux complices de la supercherie à l'écran, qui note par ailleurs, sentiment partagé par nombre de ses compatriotes, que "la bonhommie du prince Laurent décoince un peu la monarchie belge". Rien d'étonnant concernant le deuxième fils du roi Albert et de la reine Paola, qui, en bon électron libre, les collectionne : affaire de la Villa Clémentine (sa résidence, qui aurait été aménagée grâce à des fonds de la Marine belge), esclandres en avion, multiples infractions routières, algarade avec les journalistes, affaires en Libye, ou encore, bien sûr, sa visite non autorisée au Congo en mars 2011, qui lui a valu de passer le reste de l'année au ban de la famille royale et d'être plus que jamais dans le collimateur de la justice.
Charlie Dupont avance même que le prince et son épouse la princesse Claire ont été à un rien de jouer dans le film : "A un moment, il y a un plan où on est démasqué par quelqu'un. On avait eu l'idée de proposer à Laurent et Claire d'être dans le film. Il y en avait pour une heure de tournage. C'était à deux doigts de se faire. Claire était à fond dedans. Lui aussi. Sauf que c'était tombé en même temps que les trucs en Libye [des voyages d'affaires réguliers et discrets en Libye entre 2008 et 2010, révélés en 2011, NDLR]. Ça ne s'est donc pas fait mais il a demandé à être tenu au courant de la suite de l'aventure. S'ils n'avaient pas eu de soucis à l'époque, ils seraient venus." Certes, mais sans ses gaffes, le prince Laurent aurait-il été une source d'inspiration pour FXD ?
Absent de l'écran, le prince Laurent et la princesse Claire ont toutefois eu le privilège d'assister à l'avant-première de Il était une fois, une fois, au terme de laquelle la princesse est venue dire à l'équipe que le couple avait beaucoup apprécié. Le palais royal, lui, se montre magnanime "du moment que cela reste dans la parodie".
A noter que cette comédie satirique, à laquelle participe également le prince... du gotha, Stéphane Bern, est précédée d'un dispositif promotionnel sympathique, basé notamment sur un site Internet qui permet d'apprendre à devenir belge et de calculer son degré de belgitude ! Le prince Laurent détient-il le score de référence ? S'il a manqué de peu ses débuts au cinéma, gageons qu'un biopic comique lui sera un jour consacré !
G.J.