Tandis que la seconde lame du scandale de l'Institut Noos s'apprête à déferler du côté de Majorque, où Iñaki Urangarin, gendre du roi, doit être entendu samedi 25 février au matin pour répondre d'importants détournements de fonds, le prince héritier Felipe et son épouse Letizia tiennent bon la barre, assistant loyalement le capitaine du royaume, le roi Juan Carlos Ier d'Espagne.
Contrairement à l'infante Elena, soudainement réapparue cette semaine en mission officielle après s'être cachée durant des semaines, et à l'infante Cristina, qui s'est tenue loin de la tempête avec son époux en danger et leurs enfants (la famille vit à Washington), Felipe et Letizia n'ont pas quitté le navire et enchaînent les engagements avec une régularité et une application exemplaires.
Jeudi 23 février 2012, c'est à nouveau un prétexte culturel qui méritait leur présence au siège de la Fondation Ortega-Marañón : le couple était chargé de participer à la présentation des oeuvres complètes du philosophe et essayiste José Ortega y Gasset (1883-1955), éditées par Taurus avec le soutien de la Banco Santander et Telefonica. Disciple de Kant et Nietzsche, figure du courant existentialiste qui inspira Martin Heidegger, José Ortega y Gasset, réputé pour l'accessibilité de son propos, est un monument de l'héritage culturel ibérique. Depuis 1984, à l'initiative du quotidien El Pais, un prix à son nom récompense les mérites journalistiques.
Felipe et Letizia, une fois encore parfaitement à l'unisson, ont présenté cette réédition événement des oeuvres complètes du penseur, qui ajoute 262 textes à la première édition de 1983, dont 107 partiellement ou totalement inédits.
Le prince des Asturies a souhaité à cette occasion souligner la contemporanéité de la pensée d'Ortega y Gasset et de ses collègues (comme Gregorio Marañón), en termes de modèle de société et de progrès, mais également de gestion de crise, estimant que les réflexions menées par le philosophe au regard de la Première Guerre mondiale peuvent être prises en considération aujourd'hui encore, à l'heure de la crise. S'appuyant sur les mêmes thèses, il a également mis en avant les vertus de la démocratie, de l'éducation et de la justice sociale dans la construction européenne.
Felipe et Letizia ont ensuite eu l'opportunité d'observer des documents d'origine dans la bibliothèque de la Fondation Gasset-Marañón, qui perpétue la mémoire des deux penseurs dont elle emprunte le nom et oeuvre pour la transmission intellectuelle et le débat.