

Il y a eu un avant, et il y a eu un après la comparution de l'infante Cristina au tribunal de Palma de Majorque. Lundi 10 février 2014, pour Felipe et Letizia d'Espagne, c'était business as usual, exactement comme le jeudi précédent, lorsque le prince et la princesse des Asturies, ainsi que la reine Sofia et l'infante Elena, étaient à pied d'oeuvre malgré l'angoisse.
Samedi 8 février, comme prévu, la princesse Cristina d'Espagne s'est présentée devant le juge majorquin José Castro, qui instruit l'affaire Noos et l'a mise à son tour en examen, le 7 janvier dernier, près de deux ans après avoir inculpé son époux Iñaki Urdangarin dans cette vaste affaire de corruption et de détournement de fonds qui ébranle dangereusement la monarchie espagnole. Sans rien laisser paraître de la tempête dans laquelle elle est prise, la fille cadette du roi Juan Carlos Ier affichait un sourire à toute épreuve aux abords de la cour de justice des Baléares, où elle venait s'expliquer, entre autres, sur des présomptions de fraude fiscale et de blanchiment d'argent la concernant. Une très longue audition, de 10 à 19 heures environ, au cours de laquelle l'infante, dont les dépenses personnelles ont été disséquées dans un rapport de près de 300 pages ayant conduit à son inculpation, aura nié en bloc avoir connaissance de quelconques agissements frauduleux.
Deux jours plus tard, alors que l'infante est repartie à Genève, où elle vit depuis août 2013 avec ses quatre enfants et poursuit ses activités à la tête de la branche internationale de la Fondation La Caixa, l'ambiance était à la normale, au palais madrilène de la Zarzuela, qui l'a vraisemblablement hébergée la nuit précédant son audition. Le prince héritier Felipe recevait avec le sourire le secrétaire d'État américain à la Marine et ancien chef du NCIS Ray Mabus, tandis que son épouse Letizia était accaparée par ses engagements dans le champ de la santé accueillant coup sur coup en audience des membres de la Fédération espagnole des maladies rares (FEDER), dont elle est la grande ambassadrice, et de son pendant portugais, puis une délégation de la Fondation Carmen Pardo-Valcarce, qui oeuvre pour l'insertion sociale des personnes déficientes mentales, et enfin des représentants de l'Association espagnole du syndrome de Wolf-Hirschhorn, une terrible maladie chromosomique. Le même jour, le roi Juan Carlos Ier s'entretenait pour sa part avec l'ancien Premier ministre tunisien Hamadi Jebali.