Depuis trois ans que dure l'affaire Bettencourt, et quelles qu'aient été ses ramifications (notamment ébranlant la sphère politico-financière, le monde médiatique, mais aussi certaines figures judiciaires), tout tourne autour d'un point névralgique : la santé psychologique de Liliane Bettencourt. La milliardaire, première actionnaire et administratrice du groupe L'Oréal et l'une des plus grandes fortunes au monde, est-elle dans un état de faiblesse qui en fait la proie facile des chasseurs de trésor, comme l'affirme sa fille Françoise Bettencourt-Meyers, ou bien a-t-elle au contraire toute sa tête, comme l'intéressée, âgée de 88 ans, l'assène régulièrement, parfois vertement, et jusqu'aux micros de Claire Chazal ou de Marc-Olivier Fogiel ?
Et depuis le début, difficile d'obtenir une réponse catégorique à cette question, Liliane Bettencourt refusant mordicus de se soumettre aux expertises médicales propres à fournir des éléments probants en la matière. Un désir de protéger sa dignité qui faisait achoper jusque-là toutes les procédures de placement sous tutelle enclenchées par la fille Bettencourt - même si Françoise Bettencourt-Meyers a néanmoins obtenu gain de cause et réussi à écarter le photographe François-Marie Banier de sa mère.
Nouveau coup de théâtre dans ce scandale déjà bien riche en rebondissements : après tant de dénégations et de récriminations, Liliane Bettencourt a finalement décidé d'accepter l'expertise médicale, a révélé mardi 4 octobre 2011 le site Internet du quotidien Le Figaro ! Un revirement qui intervient alors que la question du dossier médical de la milliardaire est plus que jamais revenue au coeur des débats, depuis que la trêve décrétée en décembre 2010 avec la nomination d'un nouveau gestionnaire (Me Pascal Wilhelm) a pris fin et que la querelle familiale acharnée et impudique a repris, encore plus virulente, lorsque la fille a demandé, d'abord des éclaircissements (en juin), puis la révocation (en juillet) du mandat de protection tout en demandant de nouvelles mesures de protection judiciaire (curatelle, tutelle, à l'appréciation de la juge Stéphanie Kass-Dano, qui se penchait précisément ce mardi 4 octobre, à huis clos, sur la requête de la fille Bettencourt !). Les avocats de Liliane Bettencourt s'emploient actuellement à faire révoquer la dernière expertise médicale en date, celle commise en juin dernier au domicile de l'intéressée à Neuilly-sur-Seine par des médecins accompagnant un juge bordelais (dans le cadre d'une information judiciaire pour abus de faiblesse), dont le rapport médical accablait Liliane Bettencourt de troubles de la mémoire et du jugement, décrivant ses difficultés à "solutionner des problèmes complexes, à dire où elle se trouve et quel est le jour de la semaine". A la décharge de la vieille dame (toujours combative !), c'est une escouade de policiers qui accompagnait le juge d'instruction à 8 heures du matin (donc au saut du lit), et elle n'était pas appareillée (Liliane Bettencourt souffre depuis son enfance d'une surdité très importante).
Une expertise médicale subie de son plein gré par Liliane Bettencourt donnera-t-elle les clés pour le dénouement de ce feuilleton tapageur ? Un membre de son entourage, cité par l'AFP, concède que les médecins stigamtisent un état de faiblesse depuis 2006 mais "recommandent qu'un examen neuro-psychologique approfondi soit mené car c'est le seul permettant de juger de sa lucidité et de sa capacité de discernement".
Ce qui n'empêche pas l'intéressée de se déclarer, par l'intermédiaire de son avocat Me Farthouat, prête pour la "guerre nucléaire".