Il y a tout juste dix ans, Madonna parcourait le monde à l'occasion du Sticky and Sweet Tour qui reste à ce jour l'une des tournées mondiales ayant rapporté le plus d'argent avec près de 410 millions de dollars de recette. Plus de 3,5 millions de téléspectateurs ont applaudi la star cette année-là, mais cette réussite colossale a été ternie par une tragédie à Marseille : l'effondrement du toit de la scène sur plusieurs techniciens a fait deux morts et huit blessés. La justice vient de renvoyer sept personnes et quatre sociétés en correctionnelle. Un procès se tiendra, sans doute, à l'automne.
Pour rappel, Madonna était attendue au Vélodrome de Marseille le 16 juillet 2009. Trois jours plus tôt, il faut y construire la scène. Alors que le toit de 67 tonnes était hissé, la rupture d'une élingue provoque sa chute, selon le rapport d'experts. Charles Criscenzo, un Français de 52 ans, et Charles Prow, un Britannique de 23 ans, meurent dans la foulée. Huit personnes sont blessées et l'AFP, qui a pu consulter l'ordonnance de renvoi, rappelle que l'une d'entre elles s'est suicidée deux ans après l'accident dont elle ne se serait jamais remise selon sa famille.
Onze prévenus seront jugés comme l'a décidé le juge d'instruction Pierre Philipon : "Leur nombre important montre l'imprévoyance, la négligence, l'incurie qui ont prévalu avant et pendant le chantier de montage." Et d'ajouter, de manière plus générale, que "l'organisation du concert s'est caractérisée par une totale improvisation en ce qui concerne la préparation et la réalisation des opérations de montage de la structure scénique". Parmi les charges retenues, "homicides et blessures involontaires ainsi que de multiples infractions aux règles relatives à l'hygiène et à la sécurité prévues par le code du travail". Cette décision du juge s'appuie sur le rapport de nombreux experts qui ont notamment qualifié d'injustifiable la présence de techniciens sous le toit alors qu'il était hissé à plusieurs mètres.
Sur le banc des accusés se trouveront Live Nation France, les différentes sociétés chargées de la scène et de son montage ainsi que leurs dirigeants. Un travailleur indépendant, chef de l'équipe en charge de "construire la scène", sera également jugé. En revanche, le grutier, initialement mis en examen, a bénéficié d'un non-lieu.
À l'époque des faits, Madonna s'est tout de même rendue à Marseille. Elle avait rencontré les techniciens témoins de l'accident, les blessés et les familles des victimes. À plusieurs reprises, y compris dans son dernier courrier au juge, elle a présenté ses condoléances.
Trois ans après l'accident, les avocats des victimes demandaient l'audition de Madonna. Convoquée par un juge, la star avait répondu dans un courrier qu'elle n'était pas impliquée dans le volet technique du montage de la scène et qu'elle n'avait pas demandé à ce que le chantier se termine plus tôt pour bénéficier d'une journée supplémentaire de répétition. En 2012 toujours, Live Nation connaissait un drame similaire avec l'effondrement de la scène du groupe Radiohead à Toronto dans lequel un technicien a trouvé la mort. L'enquête est toujours en cours.
À Marseille, un avocat proche des victimes a confié à l'AFP vouloir engager une procédure pour dysfonctionnement des services judiciaires en raison, justement, de la durée de l'instruction.
Madonna n'a plus rejoué dans la cité phocéenne. Dix ans après cette tragédie, elle prépare son retour avec un album qui pourrait s'intituler Magic et, selon les bruits de couloirs, une nouvelle tournée qui débuterait dès la fin de l'année.