Madonna: L'état des lieux consternant et scandaleux de son rêve avorté au Malawi

Madonna et le Malawi : la belle histoire a tourné au cauchemar. La popstar, redoutable opportuniste du monde de la musique, businesswoman aguerrie, cinéaste engagée et maman, voulait donner beaucoup à cette petite république enclavée de l'Afrique du Sud, qui lui a offert deux beaux enfants, David Banda et Mercy, adoptés non sans difficultés et controverses respectivement en 2006 et 2009. Mais un an après y avoir posé la première pierre d'un édifice qui devait forger son avenir, une école pour filles, l'état des lieux, le projet ayant été abandonné par suite d'une gestion désastreuse, est consternant.

C'est en 2006 que la star s'était prise de compassion pour le pays, créant alors avec Michael Berg l'association Raising Malawi destinée à venir en aide au million d'orphelins y vivant dans une extrême pauvreté. Création d'un orphelinat et d'un dispensaire à Mphandula, visites dans le pays (notamment avec son mari de l'époque, Guy Ritchie, père de leur fils Rocco), gala caritatif conjoint avec la marque Gucci, documentaire (I am because we are) extrêmement médiatisé et présenté à Cannes sur le sort de plusieurs orphelins malawites : Madonna donne des marques visibles de son engagement et de sa volonté de faire évoluer le quotidien d'un pays dont 40% de la population survit avec moins d'un dollar par jour. Et elle se lance dans le projet de la fondation d'une école pour filles qui serait la clef de voûte des actions de Raising Malawi, persuadée que l'éducation est l'une des clés de l'avenir du Malawi.

Malheureusement, après de grands effets de mise en chantier, l'initiative s'est enlisée, grevée par les polémiques et les imbroglios financiers : en octobre 2010, le directeur de Raising Malawi démissionnait de ses fonctions à la suite d'un audit du Global Philanthropy Group sur les structures de l'organisme et l'utilisation de ses fonds (en 2009, Madonna avait assuré que le moindre sou donné serait investi dans les actions de l'association), et, en janvier 2011, Madonna elle-même devait se résoudre à officialiser l'abandon de l'opération. En mars, le comité directeur était débarqué, et en avril 2011, un an après avoir posé la première pièce de ce qui devait être une école de 15 millions de dollars accueillant 500 jeunes filles, Madonna indiquait qu'elle donnerait bientôt des précisions sur la façon dont elle se recntrerait sur les structures existantes pour aider le Malawi. Mais depuis, plus rien. Ne reste que le spectre des scandales associés à la Raising Malawi Academy of Girls : le procès intenté à la star par lers employés malawites licenciés suite à l'abandon du projet, l'enquête du fisc américain suite à l'audit commandé par Madonna et paru au printemps dévoilant que près de 4 millions de dollars avaient été dilapidés dans le feuilleton, les soupçons des instances malawites qui enquêtes sur les conditions de l'acquisition des terrains, des champs dont vivaient des autochtones, où devait s'élever l'école...

Et il y a la réalité du terrain. Sur place, le tableau est pétrifiant, à en juger d'après le récit que fait l'AFP : "Le site abandonné ressemble plus à une carrière qu'au rêve d'une pop-star qui voulait sortir des petites filles de la misère à coup de millions de dollars. Du beau projet de Madonna de construire une école au Malawi, il ne reste plus que des ressentiments. Les bulldozers ont disparu depuis longtemps, laissant à nu un terrain simplement nivelé dans ce pauvre village de Chinkhota, aux environs de la capitale Lilongwe (...) A Chinkhota, les habitants ont du mal à accepter d'avoir perdu leurs champs sans que la moindre classe n'ait été construite. Tsiyent Foroyati n'avait jamais entendu parler de Madonna avant qu'elle n'adopte deux enfants malawites. On lui a donné 39.000 kwachas (258 dollars) pour une partie du terrain où devait s'élever l'école, alors qu'elle en réclamait 3 millions. "Même si le projet devait continuer, nous serions toujours en colère: où allons nous jardiner? Et même si on nous rend le terrain, il sera très difficile de le cultiver", à cause des travaux de terrassement effectués pour rien, se lamente cette villageoise, la plus affectée par le projet. Aujourd'hui, elle est obligée de louer --cher-- un petit lopin. Madonna aurait dû s'associer avec des organisations qui savent "ce qui se passe vraiment sur le terrain" pour fonder son école, estime la directrice du dispensaire Jacinta Champomba, qui dit n'avoir jamais entendu une seule chanson de la star américaine. "L'idée était bonne. Ses intentions étaient bonnes, mais pour les concrétiser, c'est très compliqué. Quand une personne d'une telle stature vient, les gens ne pensent qu'à l'argent", dit-elle. A Chinkhota, le chef Kalenga veut demander à Madonna pourquoi l'école ne sera pas construite. "Nous étions contents, parce qu'elle allait nous aider. Nous l'avons accueillie comme une Malawite. Nous avons le coeur brisé à cause de ces rumeurs que nous entendons toujours, qui disent que le projet est arrêté. Nous demandons que Madonna vienne et nous dise ce qui s'est passé."

L'intéressée reviendra-t-elle ? Et quand ?