Il y a des élans de solidarité que l'on adore voir, d'autres dont on aimerait bien se passer. Celui dont Judith Godrèche fait l'objet fait partie de la seconde catégorie. En marge de la sortie de sa série Icon of French Cinema, la comédienne de 51 ans est revenue sur la relation qu'elle a entretenue six ans durant avec le réalisateur Benoît Jacquot. Si une relation amoureuse entre une actrice et un cinéaste n'a rien de très inhabituel, l'âge que Judith Godrèche avait au début de la leur pose question : Benoît Jacquot s'est mis en couple avec Judith à la fin des années 80, il a alors 39 ans quand la jeune femme n'en a que 14.
Au fil de ses récits, Judith Godrèche va dénoncer le pouvoir et l'emprise qu'a exercés Benoît Jacquot sur elle, à l'image de l'expérience qu'a vécue Vanessa Springora avec Gabriel Matzneff, qu'elle relate dans son ouvrage Le Consentement. 36 ans plus tard, Judith Godrèche a porté plainte pour viols sur mineurs. Des accusations que le principal intéressé nie. Il dément "toute violence physique et psychologique" et indique avoir "vécu une histoire d'amour consentie" avec Judith Godrèche : "Elle a déboulé de façon incroyable dans ma vie, m'a sorti de ma déprime, en me demandant de réaliser un film qui l'a fait connaître. Je lui dois beaucoup, et ça me chagrine qu'elle ne reconnaisse pas qu'elle me doit beaucoup, elle aussi" a-t-il réagi auprès de Télérama. S'il se défend contre les propos de Judith Godrèche, cette dernière n'est malheureusement pas la seule à avoir des choses à lui reprocher.
Dans les pages du Monde, quatre autres actrices ont dénoncé les comportements de Benoît Jacquot. Parmi elle, Vahina Giocante ou encore Isild Le Besco, la soeur de Maïwenn Le Besco. Judith Godrèche a également porté plainte contre Jacques Doillon, père de Lou Doillon, à qui Isild Le Besco et Anna Mouglalis reprochent également des comportements tendancieux. Dans Libération ce vendredi 9 février, Marianne Denicourt a, elle aussi, trouvé le courage de sortir du silence. La comédienne de 57 ans a raconté sa propre expérience avec Jacques Doillon, pour lequel elle a tourné L'amoureuse en 1987, le seul film qu'elle fera avec lui.
Cette prise de parole, dit-elle, c'est "pour ne pas laisser seules les autres actrices qui s'expriment." À l'époque, l'actrice était élève à l'école des Amandiers. Avec huit autres actrices de l'établissement, Marianne Denicourt tourne donc le film L'amoureuse. Et elle ne mâche pas ses mots concernant l'ambiance qui régnait : "Doillon souhaitait créer une compétition pour asseoir son pouvoir", indique-t-elle. "Ses intentions étaient parfaitement claires. On s'en parlait entre nous. On avait peur en entendant ses pas dans le couloir. De temps en temps, le prétexte était qu'il venait nous parler d'une scène et on s'était mis d'accord pour ne jamais le recevoir seule dans sa chambre."
Marianne Denicourt se souvient également de l'énorme contraste qui existait entre le comportement de Jacques Doillon et la venue de Jane Birkin, sa compagne d'alors, "tellement adorable avec tout le monde, magnifique." Une situation "très gênante". Si Jacques Doillon a nié les faits par le biais de son avocate, les conséquences de telles accusations se font sentir. Le festival de cinéma italien, Viva il cinema, prévu du 21 au 25 février dans la ville de Tours et auquel il devait se montrer, a annoncé ce jeudi que la venue du réalisateur était annulée.
Jacques Doillon et Benoît Jacquot restent présumés innocents des faits qui leur sont reprochés jusqu'à clôture du dossier.