Le 31 mars 2018, sur la scène de l'opéra Garnier de Paris, Marie-Agnès Gillot a fait des adieux triomphaux à la scène. À 42 ans, la danseuse étoile prend sa retraite à l'issue d'une représentation d'Orphée et Eurydice de Gluck chorégraphiée par la mythique Pina Bausch, l'un de ses rôles fétiches. À l'issue de la représentation, alors que des roses inondaient la scène, la danseuse, sublime dans sa robe rouge, est tombée dans les bras de son fils Paul (7 ans). Et l'on n'imagine pas un seul instant que sous les applaudissements elle n'ait pas eu une pensée pour son frère à l'origine de tant de belles choses dans son existence.
Juliette Binoche et Charlotte Rampling, ou encore son amie Marianne Faithfull et la chorégraphe américaine Carolyn Carlson (Marie-Agnès Gillot a été nommée étoile après avoir dansé pour elle), étaient là. 42 ans, c'est un peu jeune pour sa retraite, sauf lorsque l'on est étoile. Marie-Agnès Gillot n'a pas manqué de courage pour le devenir à 28 ans. La jeune fille souffrait d'une double scoliose. Plutôt que de se faire opérer, ce qui l'aurait empêchée de danser, elle a choisi de porter longtemps un corset et de nager, d'où sa carrure d'athlète quasi unique pour une étoile. Mais Marie-Agnès Gillot estime que son inspiration, sa force et sa détermination viennent d'ailleurs : "Tout le monde pense que j'ai voulu compenser par rapport à mon handicap et au corset que j'ai dû porter... En réalité, c'est en lien avec mon frère, mais je n'aime pas en parler, confie-t-elle dans le dernier numéro de Gala. Il a une maladie incurable, on a donc pris l'habitude dans la famille de fêter chaque mois de vie gagné. C'est ce qui m'a donné la force d'accomplir ce que je voulais devenir. Je vivais et travaillais pour deux. Vous savez, dans ma famille, c'est mon frère la star, pas moi. Arrêtons de parler de lui ou je vais me mettre à pleurer..."
Dans cette même interview, accompagnée de superbes photos de la danseuse dans les coulisses du palais Garnier, Marie-Agnès Gillot confie que son frère est aussi à l'origine de son engagement pour les enfants malades ; elle soutient aussi activement la recherche contre le sida : "Les enfants, parce que mon frère est atteinte d'une maladie rare ; le sida pour Noureev [la légende russe Rudolf Noureev, NDLR], que j'ai vu partir en 1993. J'avais 17 ans et demi, je suis tombée dans les pommes à son enterrement. Puis j'ai vu disparaître bon nombre de danseurs de l'Opéra."
Désormais, Marie-Agnès Gillot va pouvoir se concentrer sur de nouveaux projets. Celle qui affrontait récemment Roschdy Zem dans le très beau clip de La Boxeuse amoureuse d'Arthur H est attendue dans Celles et ceux qu'on a pas eus, le prochain film de Pascal Thomas. Marie-Agnès a également des propositions de théâtre et bien sûr son école de danse en Italie.