L'émotion est vive depuis le début de la tournée de Bertrand Cantat pour son album Amor Fati. Les proches de celle qu'il a tuée en 2003, Marie Trintignant, se sont exprimés pour manifester leur colère de voir sur la scène médiatique l'homme qui a arraché la vie de la comédienne, mère de quatre garçons. Ses parents Nadine et Jean-Louis Trintignant ou encore ses anciens compagnons François Cluzet et Samuel Benchetrit ont fait part de leur douleur. C'est désormais au tour de son amie la comédienne Christine Citti de dévoiler une lettre ouverte publiée sur le Huffington Post. Elle s'adresse à l'ex-leader de Noir désir en des termes poignants qu'il est impossible de ne pas entendre...
Formée dans l'école de Patrice Chéreau au théâtre des Amandiers à Nanterre, l'actrice et réalisatrice Christine Citti a joué dans le téléfilm Victoire ou la douleur des femmes, réalisé par Nadine Trintignant, au côté de sa fille Marie. C'est la première fois qu'elle parle de Marie Trintignant : "Bertrand, Je me suis tue 15 ans. Je ne peux plus."
"Et aujourd'hui tu salis l'idée que je me fais d'être un artiste. (...) Je ne peux imaginer que tu ne te sois jamais posé la question du rôle de l'artiste, de sa responsabilité quant à ce qu'il transmet, partage." Christine Citti accepte l'idée qu'il ait purgé sa peine : "L'institution judiciaire de notre pays a fait son travail. Tu as le droit à la réinsertion. (...) Tu as juridiquement le droit d'exercer ton métier, de donner des concerts, de parler dans les journaux de ton travail, de ta douleur, de ta tentative de suicide..." Mais elle précise ensuite : "Tu as le droit mais qu'en est-il de tes devoirs ? (...) En te produisant sur scène, tu te poses en icône romantique et rock. Et tu ne peux plus être cette icône."
Claire et posée, l'argumentation de Christine Citti se détache de l'émotion pour se questionner sur le rôle et la place d'un artiste dans la société. Elle réussit le tour de force à se libérer du chagrin de la perte d'un être cher pour interroger de façon constructive. Difficile de ne pas réfléchir au sens de chacune de ses phrases...