En 2003, Marie Trintignant mourait sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat. Ce dernier vient de débuter une tournée solo et d'annoncer, pour éviter "toutes polémiques et faire cesser les pressions sur les organisateurs", qu'il annulait toutes ses participations aux festivals d'été. Invité sur LCI pour la promotion de son film, intitulé Chien, Samuel Benchetrit, dernier compagnon de Marie Trintignant avant sa rencontre avec Cantat, et père de leur fils Jules (19 ans), s'est exprimé avec passion et colère sur le sujet.
Qu'il chante, autant qu'il veut
"Ce type a tué de ses mains la mère de mon fils. Il a tué la mère des frères de mon fils [Roman Kolinka, né en 1986 de Richard Kolinka ; Paul né en 1993 de François Cluzet et Léon, né en 1996 de Mathias Othnin-Girard, NDLR]. Il a enlevé une femme libre et extraordinaire à ses parents, aux gens qui l'aimaient, dont je fais partie..."
Le ton de Samuel Benchetrit se durcit : "Qu'il chante, autant qu'il veut. C'est sa façon de réapparaître qui est indigne et dégueulasse. (...) Ça me coûte de le dire, quand je vois Nadine Trintignant, cette femme qui est obligée à son âge, qui a perdu la femme qu'elle aimait le plus, son enfant, obligée d'aller sur les plateaux télé, révoltée [dans Stupéfiant, lundi 12 mars, NDLR], quand je vois mon ami Jean-Louis Trintignant, mon père spirituel qui ne s'est jamais remis de ça, quand je vois ses enfants si dignes, si jeunes, si beaux, baisser la tête en voyant l'autre connard sur des magazines de merde [la couverture des Inrockuptibles, NDLR], je trouve cette situation ridicule, c'est tout le temps indécent. Évidemment il a payé sa dette, c'est pas le problème ! C'est sa façon de réapparaître. Si on fait de la peine à une seule personne, il faut le faire autrement. Une seule personne c'est tout le monde. Et on parle de gens qui ont grandi sans leur mère." Le réalisateur, qui dirige Vanessa Paradis, sa fiancée, et le Belge Bouli Lanners dans son dernier film, estime que Cantat est "un lâche, un faible, un type qui n'a pas de couilles".
Après son interview bouleversante dans Stupéfiant, Nadine Trintignant a tenu à s'exprimer de nouveau. À l'AFP, celle qui estime que Bertrand Cantat aurait pu choisir d'écrire pour les autres plutôt que de remonter sur scène et se faire applaudir en réclame davantage. "Ce n'est pas suffisant que Cantat renonce aux festivals. S'il s'arrêtait complètement, ça me conviendrait complètement. Je le trouve indécent, innommable..." Nadine Trintignant redit que la peine de huit ans de prison (le chanteur a été libéré après quatre) n'était pas "une condamnation normale, c'est-à-dire vingt ans".
Sur Facebook, lundi soir, Bertrand Cantat a publié une lettre. S'il exprime sa "compassion la plus sincère, profonde et totale à la famille et aux proches de Marie" et présente ses excuses pour la couverture des Inrockuptibles, il réclame aussi le "droit à la réinsertion" : "J'ai payé la dette à la laquelle la justice m'avait condamné. J'ai purgé ma peine. Je n'ai pas bénéficié de privilèges. Je souhaite aujourd'hui, au même titre que n'importe quel citoyen, le droit à la réinsertion. Le droit d'exercer mon métier, le droit pour mes proches de vivre [ses enfants Milo et Alice, nés en 1997 et 2002 de la regrettée Kristina Rady, qui s'est suicidée en 2010, NDLR] en France sans subir de pression ou de calomnie. Le droit pour le public de venir à mes concerts et d'écouter ma musique."