Ancienne internationale française, Marinette Pichon n'est pas seulement une star du football internationale. C'est une pionnière qui, comme le résume L'Équipe (édition du 3 avril 2018), "fut la première en tout ou presque". À 42 ans, celle qui a marqué 81 buts en 112 sélections avec les Bleues se raconte dans Ne jamais rien lâcher (éditions First), une biographie bouleversante dans laquelle elle explique avoir grandi avec un père abusif. L'écriture du livre a fait remonter les souvenirs de la violence, des menaces de mort, les pires choses que lui faisait subir son père (mort en janvier), "et, en même, temps il y a toute cette fierté d'avoir construit ma famille avec Ingrid, une femme en or, deux enfants, un boulot, des rencontres qui me donnent cette énergie", confie-t-elle dans L'Équipe.
Dans cette longue interview, Marinette Pichon s'attarde sur ce père qui les a traumatisées, sa mère, sa soeur et elle. Elle raconte que le football lui a permis de faire quelque chose de sa vie, de devenir quelqu'un. Et c'est avec beaucoup de sensibilité qu'elle évoque sa vie de famille. Lesbienne, Marinette Pichon vit avec Ingrid avec laquelle elles élèvent deux petits garçons : Maxim, premier fils d'Ingrid, et Gaël, qu'elles ont eu ensemble grâce à une PMA en Belgique puisque la procréation médicalement assistée n'est toujours pas accessible à toutes les femmes en France.
Marinette Pichon a construit sa vie de famille en opposition totale avec ce qu'elle a subi dans son enfance. "J'ai compris que lorsque tu es quelqu'un de bien, tu attires les gens bien. (...) J'essaie d'être une bonne mère pour mes deux enfants, une bonne compagne pour ma femme, une bonne collègue [elle est consultante pour France Télévisions et travaille au Conseil départemental des Yvelines, NDLR], une bonne personne quoi ! (...) Ce qui est sûr, c'est que je n'aime pas qu'on m'emmerde. Je ne voulais plus me justifier d'aimer les femmes, ne plus me cacher. Et la meilleure façon, c'est de dire les choses."
Quand on le voit épanoui, on se dit qu'on est dans le vrai
Quand L'Équipe l'interroge sur le regard que la société pose sur sa famille homoparentale, Marinette Pichon répond avec une ironie féroce : "Moi, j'ai eu un père, une mère et j'ai une enfance merveilleuse !" Et d'ajouter : "On peut être un parent isolé, handicapé, un couple homme-femme, homme-homme, femme-femme et donner de l'amour à ses enfants. Il n'y a pas un seul schéma, 'un papa, une maman '! Sauf un : un couple qui s'aime et des enfants qui héritent de ce bonheur et de cette affection."
Gaël a 5 ans. Il connaît ses origines. Sa "maman" et sa "mamoune" répondent à ses questions. Marinette Pichon raconte : "On lui a dit qu'il n'avait pas de papa parce que ses deux mamans s'aimaient. Ce n'est pas évident de poser les mots mais quand on le voit épanoui, on se dit qu'on est dans le vrai."