Purepeople : Y'a que la vérité qui compte est toujours à l'antenne, quelle est la force de ce concept?
Laurent Fontaine : Ce qui est unique dans Y'a que la vérité qui compte, c'est que l'émission, bien qu'il ne s'agisse en aucun cas d'un jeu, fonctionne avec une mécanique similaire à celle d'un jeu. Il y a des règles : les invités savent qu'il y aura des étapes, des moments où ils devront prendre des décisions cruciales, dire oui ou non, ouvrir le rideau ou pas. Ce rituel s'applique de la même manière, que ce soit pour une demande en mariage ou pour retrouver quelqu'un après 20 ans de séparation. Ce qui fait la longévité de l'émission, c'est ce concept très fort. Quand on a relancé l'émission sur C8, on s'est demandé s'il fallait changer quelque chose, mais on a décidé de garder la même structure : c'est ce qui fait sa magie et sa force.
Comment vivez-vous ces montagnes russes émotionnelles sur le plateau ?
Pascal et moi, on prend toujours autant de plaisir à animer l'émission. Il n'y en a pas beaucoup qui permettent de passer du rire aux larmes en si peu de temps. Récemment, il nous est arrivé d'avoir du mal à continuer une séquence parce que l'émotion était trop forte. Pascal et moi avions les larmes aux yeux. Mais il y a aussi des moments où on rigole comme jamais avec des histoires incroyables que nous racontent les invités. C'est cette alternance émotionnelle, en l'espace de 15 à 30 minutes, qui rend cette émission si unique.
Laurent Fontaine : "Pascal s'énerve s'il y'a une petite erreur dans les fiches"
Votre duo avec Pascal Bataille est mythique. Comment décririez-vous votre relation ?
Pascal, ce n'est pas juste un collègue ou un copain, c'est un frère d'amitié. On se connaît depuis 1983, donc autant dire que j'ai vécu plus longtemps avec lui que sans lui. J'ai été le témoin de ses mariages, il a été le témoin du mien. On connaît les enfants de l'un et de l'autre, nos ex-femmes, tout. On est extrêmement proches, et cela fait presque 40 ans que ça dure.
Avez-vous des petites habitudes ou des rituels tous les deux avant l'émission ?
Pascal a son chien avec lui sur le plateau, ça fait sourire tout le monde, y compris les invités. Il a toujours une oreillette, contrairement à moi. Il est un peu le "maître de cérémonie" du duo, celui qui reçoit les consignes de la régie, alors que moi, je suis plus un voltigeur. Je n'ai pas de fiches, je suis plus libre dans ma façon d'animer, Pascal est plus structuré.
Des petits défauts chez l'un chez l'autre ?
Avant, je fumais et ça agaçait Pascal car il trouvait que ça faisait perdre du temps. J'ai arrêté, il ne peut plus me le reprocher. Lui, est parfois trop perfectionniste. Il s'énerve s'il y a une petite erreur dans les fiches, mais au fond, ce n'est pas un vrai défaut. C'est du professionnalisme.
La télé est-ce le monde impitoyable que l'on imagine ?
Oui, il y a peu de places, et beaucoup de prétendants. La compétition fait rage et beaucoup de coups sont permis. On en a pris aussi, mais on a tenu bon. Christophe Dechavanne n'a pas été très sympa avec nous à un moment donné. En 1997, alors que nous avions contribué à la création Combien ça coûte sur TF1 et qu'on était très investis, du jour au lendemain, il nous a débarqués sans préavis. Ce genre de coups, c'est malheureusement monnaie courante dans le business de la télé. Comme Cauet qui nous lâche en 2009, parce que l'herbe était plus verte ailleurs, alors qu'on avait créé La méthode Cauet pour lui. C'est la vie des affaires.
Vous avez aussi été la cible des Guignols de l'Info pendant un certain temps. Comment avez-vous vécu cette période ?
Pendant plusieurs années, ils ont été extrêmement durs avec Pascal et moi. Ils nous représentaient avec une marionnette commune, en disant qu'on avait "un cerveau pour deux". C'était évidemment difficile à vivre, surtout pour nos familles. Mes enfants étaient encore petits à l'époque, donc ça allait, mais Pascal avait des enfants adolescents, et entendre leur père se faire critiquer ainsi, ça ne devait pas être facile pour eux. C'est le revers de la médaille.
Aujourd'hui, vous travaillez avec Cyril Hanouna. Comment ça se passe avec lui ?
Je le connais depuis ses débuts chez Comédie dans les années 2000. C'est quelqu'un pour qui j'ai une grande fidélité et beaucoup de tendresse. Même s'il y a parfois des remous autour de lui, il est profondément humain. J'aime travailler avec lui.
Qu'est-ce que vous faites quand vous ne travaillez pas ?
Je m'occupe beaucoup de mes enfants, même s'ils sont grands puisque mes jumelles, Tamara et Joy, ont 20 ans cette année. Tamara est d'ailleurs en ce moment même face à moi, au bureau en train de m'aider sur un dossier.
Quel père êtes-vous ?
Je suis très très présent, j'adore mes enfants, je m'en occupe beaucoup. Ce sont les personnes que je vois le plus dans ma vie, plus que mes collègues, plus que mes amis, même si à leur âge, les besoins ne sont plus les mêmes... Ils ont besoin de liberté, de confiance. J'ai une fille, Lara, qui a 29 ans et qui va être avocate, elle prête d'ailleurs serment dans quelques semaines, et un fils, Milo, qui a 28 ans et qui travaille dans le rap. Cette tribu-là se voit beaucoup.
Certains vivent encore chez vous ?
Non, plus aucun, mais les jumelles habitent ensemble, en colloc' à 5 minutes de chez moi.
Vous êtes un papa plutôt libéral ou plutôt protecteur?
Très libéral et très protecteur, les deux. J'ai une grande confiance dans mes enfants, dans leur façon d'être, de s'être épanoui, dans ce qu'ils ont dans la tête. (NDR : Il s'adresse à Tamara à côté de lui. "Si tu entends des conneries, tu me dis. Je suis protecteur ou pas ?" Tamara répond : "Protecteur oui, surprotecteur non !")
Milo et Sara sont issus d'une première union, Tamara et Joy d'une seconde, mais vous n'êtes plus en couple avec leur mère, comment vous entendez-vous avec les mamans de vos enfants ?
Très bien, on a une très bonne relation. Et désormais, je vis depuis 7 ans avec une autre femme qui a elle aussi des enfants, plus jeunes, ils ont 14 et 11 ans et tout se passe merveilleusement bien dans cette grande famille recomposée...
Le grand public l'ignore peut-être mais Pascal n'est pas votre seul complice, vous êtes aussi très proche de Valérie Douillet ?
Valérie, je l'ai connue il y a très longtemps, vers 1997 ou 1998. À l'époque, elle était la femme de David Douillet, donc je la recevais sur des plateaux avec Pascal, et nous sommes restés très amis. En 2014, nous avons décidé de créer ensemble Bytheway une agence de communication. Nous avons beaucoup de clients et, dans cette boîte, je fais du coaching, de la communication institutionnelle et nous travaillons aussi avec la fondation Action Enfance depuis 2018.
En quoi consiste cet engagement ?
C'est une fondation qui aide 700 enfants en France dans 16 villages. Tous les ans, nous organisons une grande opération où je présente la soirée de remise des prix. Nous tournons des films avec les enfants et mobilisons les écoles de cinéma. C'est un projet qui me tient énormément à coeur, surtout en tant que père et parce que j'ai moi-même eu une enfance un peu compliquée. Quand vous avez vécu certaines choses dans votre enfance, vous voulez faire bouger les choses. Voir l'évolution de ces enfants d'année en année, c'est incroyable. On les voit grandir, évoluer, et c'est extrêmement gratifiant de leur mettre des étoiles dans les yeux.
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