Antichambre de Wimbledon, le tournoi d'Eastboune, en 2011, a été riche en sensations fortes. L'événement majeur, à n'en pas douter, fut le retour probant à la compétition des soeurs Williams, Serena, dramatiquement absente depuis un an et auteure d'une reprise rassurante (éliminée en huitième par la tête de série Zvonareva), et Venus, également éloignée des courts depuis janvier et quart-de-finaliste.
Mais ce qu'on retiendra avant tout, c'est le triomphe de la Française Marion Bartoli, victorieuse (6-1, 4-6, 7-5) en finale de Kvitova sur la lancée de son beau parcours à Roland-Garros (demi-finaliste), qui a décroché le sixième titre de sa carrière (le premier depuis juillet 2009 à Stanford) et confirmé que sa présence solide dans le Top 10 mondial n'est pas usurpée. De bon augure avant Wimbledon, dont elle avait atteint la finale en 2007.
En ce moment, Marion est un peu l'anti-Aravane Rezaï. Tandis que la Franco-Iranienne est en pleine chute libre et tente de mettre de l'ordre par voie de justice dans sa relation parasite avec son père, Marion Bartoli, elle, affiche une osmose inédite avec son propre père, Walter, son coach depuis 10 ans, qui avait abandonné sa profession de médecin pour se consacrer à l'entraînement de sa fille, lui qui n'y connaissait pas réellement grand-chose en tennis. Il y a quelques jours, dans L'Equipe, Walter Bartoli revenait longuement sur leur travail ensemble et sur leur relation qui a atteint un "équilibre optimal".
Il se souvient notamment des débuts : "Six mois après que Marion fut passée chez les pros, j'ai demandé de l'aide à des coaches habitués au très haut niveau. Le résultat a été catastrophique pour elle. Je me suis alors recentré sur la spécificité de Marion et j'ai mis en application des idées complètement nouvelles. C'est ce qui fait ma force et c'est aussi pourquoi je suis très critiqué, mais je m'en fous." Et constate le chemin parcouru : "On est parvenus à un bon niveau de maturité et de plénitude ensemble. Le ratio entre son équilibre personnel et la qualité de ses résultats me paraît optimal. La confiance mutuelle se construit au quotidien. Il a fallu parfois des recadrages, surtout me concernant. J'avais un trop grand manque de connaissances tennistiques qui m'a amené à avoir des mauvaises attitudes avec elle. Ce que je faisais n'était pas bon et cela rendait mon projet foireux."
Pas de raison pour que cela s'arrête.