Beaucoup de légataires, mais un seul fils prodigue. Voilà plus de quarante ans que Maxime Le Forestier, 61 ans, se nourrit de l'art du poète Georges Brassens, un mentor qu'il décrit aujourd'hui dans les colonnes du Parisien comme étant "un vaccin contre la connerie".
En 1972, l'ancien bad boy et la fierté de Sète, l'année de ses 50 ans, invitait le jeune Le Forestier à se produire en première partie de son tour de chant à Bobino. C'était l'époque Mourir pour des idées, un titre qui en dit long sur l'élan libertaire qui le disputait à l'art poétique, chez Brassens. Sept ans plus tard, en 1979, Maxime Le Forestier livrait le premier pan de toute une discographie hommage à son idole, qui a connu son apothéose avec une intégrale en neuf disques publiée en 2005 et reprenant tout le répertoire de Brassens, que Maxime Le Forestier, au fil des ans, chanta régulièrement sur scène. Et, le 29 octobre 1981, c'est un Le Forestier en pleurs qui chantait Dans l'eau de la claire fontaine, quelques instants après avoir appris, en plein concert, la mort du grand Georges.
Lors de sa dernière tournée en date, proposée dans le sillage de la sortie de Restons amants (2008), il interprétait notamment Bonhomme.
Mais pas question pour lui de mettre en musique et interpréter les inédits de Brassens qui seront dévoilés au public très prochainement, il l'assure au Parisien de ce jour ! C'est d'ailleurs par le biais du quotidien francilien qu'il a appris qu'une quarantaine de textes inédits de Georges Brassens allaient être rendus publics à l'occasion d'une exposition dédiée à l'artiste qui prendra place à la Cité de la Musique de Paris au mois de mars. "J'ai envie de les lire pour étudier l'évolution de sa pensée, surtout qu'il s'agit d'oeuvres de jeunesse", signale Le Forestier. Des oeuvres au caractère grivois ou libertaire qui n'a rien de bien étonnant pour qui connaît un peu la biographie de Brassens : "Il était solitaire, s'était fait virer de son école, se sentait exclu de la société. Il a écrit dans un journal anarchiste et c'était assez épouvantable, très manichéen", rappelle son disciple.
Au sujet d'une partition du Gorille retrouvée, il ne cache pas son scepticisme : "Il n'écrivait pas la musique et je n'ai jamais vu une partition", assène Le Forestier - ce qui nous remet en mémoire le fait que Brassens n'eut pas accès au solfège étant jeune.
Le Parisien l'interroge enfin sur l'éventualité de la mise en musique et de l'interprétation de ces textes inédits. La réponse cultive l'estime et la dignité : "Si on me le propose, je dirai non. Soit j'aurai peur de le plagier musicalement et ce sera moins bien. Soit je ferai autre chose et cela va dénaturer le texte. Mais je suis ravi que l'on continue à parler de Brassens. C'est un vaccin contre la connerie."
G.J.