C'est avec beaucoup de courage et de détermination que Mélanie Hénique s'est exprimée pour revenir sur l'agression homophobe dont elle a été victime l'an dernier. En juin 2015, la championne de natation avait en effet été insultée et rouée de coups lors d'une sortie à Amiens, où elle avait été attaquée par quatre hommes au côté d'un couple d'amies. Malgré un dépôt de plainte, l'affaire avait été classée sans suite et les agresseurs n'ont jamais été retrouvés. "Je me suis pris une droite dans la gueule, et, après, je n'ai plus trop de souvenirs, je suis tombée par terre, KO", se remémore-t-elle lundi dans les colonnes du journal Libération.
Le nez sérieusement amoché, la sportive de 23 ans avait passée la nuit aux urgences avant d'être arrêtée douze jours. "J'étais perdue, je me suis demandé pourquoi ils avaient fait ça, j'ai cherché un tas de réponses", poursuit celle qui avait été contrainte d'annuler sa participation à l'Open de France de natation après ce terrible événement. "Finalement, on se fait emmerder par des gens qui n'ont pas d'avis sur notre sexualité, mais veulent frimer, par plaisir. C'est un prétexte pour s'embrouiller. On ne faisait rien de mal. Les injures homophobes, je connais. J'ai eu plusieurs copines, on se tenait la main dans la rue, on se faisait insulter, je ne répondais pas. Je savais que ça ne servait à rien, que ça pouvait partir très vite en castagne. Je n'avais pas envie de ça. Je ne suis pas bagarreuse pour un sou", ajoute-t-elle.
Je ne veux pas qu'on dise de moi "tiens, c'est la lesbienne !"
Ouvertement homosexuelle, Mélanie Hénique souhaite partager son témoignage afin d'aider les personnes qui se retrouvent dans la même situation qu'elle. Refusant d'être étiquetée pour son orientation sexuelle, elle poursuit : "Beaucoup de sportifs veulent être connus pour leurs performances, pas pour ce qu'ils sont. Moi, la première, je ne veux pas qu'on dise 'tiens, c'est elle la lesbienne !' Je veux être reconnue pour ma natation, pas pour ce que je suis. Je ne suis pas militante." Ça tombe bien, celle qui avait fait ses premiers Mondiaux à 16 ans et qui avait décroché sa première médaille planétaire à Shanghai à l'âge de 18 ans concourra prochainement aux Jeux olympiques de Rio. Depuis ce lundi, elle participe également aux championnats d'Europe, à Londres. Sereine et épanouie, elle se dit pour le moment célibataire et rêve comme toutes les jeunes femmes de son âge à l'avenir qui se dessine progressivement. Plus tard, elle se voit marin-pompier. Il y a quatre ans, elle avait signé son premier contrat de gendarme adjoint volontaire. Début mars, elle est devenue brigadier-chef à la gendarmerie nationale. Le début d'une nouvelle carrière prometteuse.
S.L.