"Le harcèlement, si on n'en parle pas, il ne s'arrête pas." C'est avec cette accroche que l'Education Nationale a lancé une vaste campagne de sensibilisation contre le harcèlement scolaire. Principalement tournée vers ses principaux intéressés, les enfants à l'école primaire, cette campagne dispose d'un spot publicitaire produit par la journaliste, actrice et réalisatrice Melissa Theuriau en collaboration avec The Walt Disney Company. La compagne de Jamel Debbouze, maman de deux enfants avec le comédien trappiste (Lila et Léon), a été la cible d'attaques venant du principal syndicat du corps enseignant.
Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, a ainsi jugé que la vidéo était "hors sujet et méprisante" pour les enseignants, donnant une mauvaise image de ces derniers. On y voit un enfant roux qui est le souffre-douleur de ses camarades, entre lancers d'objets et brimades, le tout dans le dos d'une maîtresse pas franchement sympathique, voire presque sourde à ce qui se déroule derrière elle. Pour le premier syndicat du primaire, il aurait mieux valu mettre en avant "les vidéos de qualité réalisées par les élèves eux-mêmes" plutôt que de produire cette fiction.
Cible des attaques, Melissa Theuriau a répondu à ses détracteurs au micro d'Europe 1. "Je ne voulais pas d'un clip qui s'adresse aux adultes, aux professeurs, auquel cas j'aurais pu en effet mettre en scène des professionnels parfaitement alertés, réactifs. Mais je ne pense pas que j'aurais été utile en montrant ce fantasme-là", a-t-elle expliqué, tout en estimant que les professeurs ont également leur rôle à jouer face à ce mal. "Si tous les instituteurs étaient alertes et réactifs à cette problématique de l'isolement, alors on n'aurait pas besoin de former, de détecter le harcèlement, argumente la chérie de Jamel Debbouze. On n'aurait pas 700 000 enfants par an en souffrance, on n'aurait pas des situations de drame et de suicide qui peuvent arriver aussi parce qu'on n'arrive pas à parler aux adultes de cette solitude et de ce sentiment d'injustice."
Une réaction cash et sans fard qui fait écho à la réaction du ministère de l'Education, lequel souligne de son côté que le clip s'adresse aux écoliers "car c'est à cet âge que le harcèlement débute". "Dans la plupart des cas, les enfants n'en parlent pas aux adultes" et "les faits se déroulent lorsque ceux-ci ont le dos tourné", croit savoir le ministère dirigé par Najat Vallaud-Belkacem, pour qui "dire 'Non au harcèlement', c'est refuser l'oppression conformiste, c'est refuser que la loi du plus fort ne soit érigée en norme". Tout en recevant les plaintes du syndicat enseignant : "Nous ne pouvons que regretter que certains enseignants puissent se sentir blessés. Un clip d'une minute ne peut pas résumer la complexité de ce phénomène, ni le rôle de chacun des acteurs."