Nice a rendu hommage à ses innocents qui sont tombés sous les roues d'un camion fou, le 14 juillet 2016. Un an après, la ville, ses citoyens et la France toute entière rendaient hommage à Nissa la belle, et aux victimes de l'attentat qui a fait 86 morts.
Lors de la cérémonie officielle, à laquelle ont notamment assisté Emmanuel Macron, François Hollande, Nicolas Sarkozy ou encore Bono et Albert de Monaco, des personnalités du monde de la culture se sont distinguées. Parmi elles, Michèle Laroque, Niçoise de naissance. Avec Michel Boujenah, Patrick Timsit, Line Renaud, Patrick Chesnais, Michel Legrand, Elsa Zylberstein et François Berléand, ils ont lu à tour de rôle un texte écrit par l'écrivain niçois Jean-Marie Gustave Le Clezio, prix Nobel de littérature.
Visiblement émue, la main légèrement tremblante, l'actrice a débuté la lecture par ces mots lourds de sens : "Je suis né à Nice, j'y ai grandi. Il n'y a probablement aucun endroit au monde que je connaisse mieux. Chaque rue, chaque quartier de cette ville, chaque coin et recoin. Je sais où cela se trouve, j'y suis allée un jour ou l'autre, j'en connais le détail, le petit rien qui fait que c'est cela et rien d'autre. La promenade des Anglais, ça n'a pas été mon endroit préféré. Je ne suis pas de ce quartier, trop beau, trop luxueux à mon goût. Je suis du port. J'ai aimé les bateaux - dans mon enfance, les pointus des pêcheurs, les vieux cargos rouillés qui trafiquaient le vin rouge et le liège sanglant venu de l'autre côté de la Méditerranée, et bien sûr les ferrys de la Corse qui, outre les touristes et leurs autos, transportaient des vaches et des chevaux. La Prom' - comme on l'appelle à Nice avec affectation et affection -, c'est plutôt la plage, les filles qui déambulent deux par deux en minishort, les garçons en espadrilles, les pédalos, les buvettes avec leurs tables de ping-pong en sous-sol. Quand j'avais 17 ans, on y allait, mais comme ça, sans plus, sans y croire vraiment, pour jouer au touriste."
Cette lecture s'inscrivait dans un projet intitulé "Nice Pour l'Eternité" et imaginé par Daniel Benoin, ancien directeur du théâtre de Nice. "J'habite Nice, j'étais là le 14 juillet et c'était important de faire quelque chose pour commémorer cet horrible attentat", a notamment confié le metteur en scène et réalisateur en marge de la performance. C'est lui qui a réuni ce beau parterre de comédiens. "J'ai appelé une quinzaine d'amis avec qui j'avais pu travailler par le passé ou pas. Ceux qui ont pu se dégager du temps ont tous accepté", s'est-il félicité.