Son décès a ému des milliers de Français. Mais quelques jours après la mort d'Edmonde Charles-Roux, inoubliable femme de lettres, à 95 ans, l'hommage de Bernard Tapie est peut-être le plus étonnant. Dans son journal La Provence, il révèle en effet comment la romancière est à l'origine de son arrivée à la présidence de l'OM...
Leurs fabuleux destins se sont croisés en 1985. Ce soir-là, Bernard Tapie, déjà homme d'affaires, vedette et animateur de l'émission Ambitions, est invité à l'ambassade de Russie à Paris. "Fan inconditionnel", le futur ministre d'alors a la "chance" d'être assis à côté d'elle. Le début d'une soirée inoubliable pour Bernard Tapie, qui aura la surprise de voir l'ex-rédactrice en chef de Vogue lui parler... de sport !
"Evidemment, je suis très flatté et étonné quand elle me parle de mon aventure avec Bernard Hinault, qui nous avait conduits à la victoire sur le Tour de France cette année-là, en 1985", écrit Bernard Tapie, patron de l'équipe La Vie claire lors de la décennie 1980. "Très au courant", la romancière lui soumet alors une idée. "Elle me dit "pourquoi vous ne feriez pas la même chose avec l'OM", en m'expliquant que Marseille ne pouvait pas continuer à vivre sans une grande équipe, que Gaston [Deferre, son mari alors maire de la Cité phocéenne, NDLR] est malheureux de tout ça", raconte l'ex-ministre de la Ville.
Pour moi, c'était la femme parfaite
Ni une, ni deux, Bernard Tapie rencontre Gaston Defferre, alors ministre de l'Aménagement du territoire et du Plan, peu de temps après. "Ça a commencé comme ça avec l'OM. À l'initiative d'Edmonde", se souvient celui qui emmènera l'OM à une victoire en Ligue des Champions en 1993 - une première historique pour un club français. C'est aussi le début d'une belle amitié entre l'ex-journaliste et le golden boy des années 1980. "Pour moi, c'était la définition de la femme parfaite... Une indocile élégante. On s'est vu tout le temps à Paris, elle habitait à deux rues de chez moi", écrit le père de la chanteuse Sophie.
Edmonde Charles-Roux a même fait un "dernier cadeau" à son ami : trouver un éditeur, Albin Michel en l'occurrence, à sa belle-fille Marie Griessinger-Tapie, "parce qu'elle trouvait son premier livre sublime. Il s'appelle On reconnait le bonheur au bruit qu'il fait en s'en allant. Ce titre a une résonance aujourd'hui", conclut-il sur une note émouvante.