Alain Delon était un seigneur du cinéma français, au sens figuré mais également au sens propre, tant il a fait de son domaine à Douchy dans le Loiret une forteresse à son image, imprenable, immense et pleine de secrets. Une propriété qu'il a acquise en 1971 quand il était en couple avec sa chère et tendre Mireille Darc, et qu'il a transformée pour en faire un havre de paix loin de la frénésie de sa vie de star. Sa compagne de l'époque l'a grandement aidé à réaménager ces lieux, détruisant ainsi le château en piteux état construit sous le Premier Empire.
La propriété possède un beau parc bien fermé de 52 hectares. Dans le livre très documenté de Philippe Durant, Alain Delon - Un destin français (éditions Nouveau Monde), on apprend que le domaine de Douchy ouvrait souvent ses portes, notamment pour des animations pour les personnes âgées avec des projection de film dans la belle salle de projection. Cependant, il est un endroit où personne ne peut venir, "un bureau légèrement à l'écart où seuls ses chiens ont le droit de l'accompagner". Des animaux nourris à la panse de boeuf avec qui il avait une relation fusionnelle, qu'il a enterrés à Douchy et auprès desquels il repose, suivant son souhait le plus cher.
Régulièrement, Anthony Delon, fils aîné d'Alain né de son mariage avec Nathalie Delon, donne des nouvelles de Loubo, dernier chien de l'acteur qui l'a accompagné jusqu'à son dernier souffle datant du 18 août dernier. Un animal qui fait partie d'une longue lignée canine avec qui la star a noué une longue histoire et qu'il nourrissait avec application. "Je pourrais me passer de beaucoup de choses. Mais mes chiens, non. Mes chiens et la terre sur laquelle vivent mes chiens, ça c'est mon luxe", expliquait-il dans L'Officiel Hommes en 1988.
Des compagnons à quatre pattes qui l'aiment sans s'intéresser à son statut, à la différence des humains. "Ils ont en général toutes les qualités de l'homme moins les défauts", avait-il confié dans Doggy en 2009. Cependant, il faut souligner qu'il y avait à Douchy deux catégories de chiens, ceux enfermés dans des cages, et ceux qu'il laissait en liberté. D'ailleurs, son fils Anthony garde un souvenir particulier de cette passion animale. Car s'il est lui aussi très attaché au fameux Loubo, il reste traumatisé par le fait que son père l'a forcé plus jeune à nourrir les plus féroces dans leur enclos pour l'endurcir... Animal de compagnie ou de garde, tous formaient sa meute pour qui il avait en tout cas un amour total, "pur et vrai".