"L'idéal quand on veut être admiré, c'est d'être mort", déclarait Michel Audiard, fidèle scénariste (entre autres) de Georges Lautner, le légendaire cinéaste français décédé vendredi 22 novembre, à l'âgé de 87 ans. Le réalisateur des Tontons Flingueurs, Le Professionnel ou Le Pacha, ne pourra en dire autant.
Sa disparition a suscité de nombreuses réactions, à commencer par celle de Patrick Bruel. Le chanteur-acteur, qui tournait sous sa direction en 1988 dans La maison assassinée, a remercié Georges Lautner, assurant que "le cinéma est bien triste ce soir". Une réaction qui fait écho à celle de Gilles Jacob, pour qui Lautner "a fait tourner les plus grands et rire tout le monde". "C'était un homme délicieux, d'une modestie charmante et d'un métier sûr", a écrit le directeur du Festival de Cannes.
Ce samedi 23 novembre, président François Hollande a salué le travail du cinéaste, lequel "a su rencontrer un large public en ayant toujours l'exigence de la qualité". De son côté, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a partagé sa "grande peine". Un communiqué sobre, où l'on peut y lire que le cinéma de Georges Lautner "fut le modèle du cinéma populaire, que des générations de Français connaissent en le redécouvrant toujours avec bonheur car il est profondément ancré dans notre patrimoine cinématographique". "Une page de la riche histoire du cinéma français s'est tournée", rajoute le Premier ministre du gouvernement. Frédérique Bredin, présidente du CNC, a également fait part de sa "profonde tristesse" quant à la mort de l'auteur de "tant de films célèbres, de monuments du cinéma français " qui " incarne pour toute la société française et encore pour longtemps, le grand cinéma français populaire". Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, a quant à elle écrit dans un communiqué que "le public gardera des oeuvres de Georges Lautner le souvenir qu'elles ont été traversées par le tourbillon de la vie, de la farce et du rire".
De son côté, le réalisateur Christophe Barratier déplore par avance "ceux qui, l'ayant méprisé toute sa vie, préparent sans honte des "hors-séries" rémunérateurs [...] ceux qui l'ont massacré vont bientôt lui concéder certains talents", en référence à l'accueil plus que partagé que recevait les aujourd'hui cultes Tontons Flingueurs, rajoutant qu'en France, "un mort devient plus talentueux que de son vivant".
Il restera néanmoins ces hommages les plus émus, comme celui d'un de ses plus proches amis et collaborateurs, le directeur de la photographie Maurice Fellous. "Il s'était accroché à moi, il faisait partie de ma vie", raconte-t-il, avant d'évoquer la cassure, probable regret que celui de ne pas avoir fait les films avec Jean-Paul Belmondo, parmi lesquels le plus grand succès commercial de Lautner, Le Professionnel. "C'est triste de vieillir, mais c'est joyeux d'avoir un passé où le coeur agissait en même temps que le cerveau, merci encore", lui écrivait Georges Lautner dans une des dernières lettres que le réalisateur lui adressait.
Georges Lautner sera enterré dans les prochains jours à Nice, dans le caveau familial du cimetière du château de Nice qui surplombe sa ville natale. Son corps sera rapatrié à Nice ce week-end, nous a informé via l'AFP Véronique Ridel, son assistante durant 19 ans. Aucune date n'a été fixée pour les obsèques.