Une élection qui fait parler. Plus tôt dans la semaine, Nathalie Péchalat a été évincée de la présidence de la Fédération française des sports de glace. C'est la novice Gwenaëlle Noury qui hérite du poste après un résultat serré et 52,3% des voix (452 contre 412). Après l'annonce surprise, Nathalie Péchalat a fait part de sa déception : "C'est la honte intersidérale pour l'ensemble des sports de glace, on revient à un autre système de valeurs, à un autre fonctionnement, à d'autres méthodes qui ne sont pas les miennes". Et Sarah Abitbol semble du même avis...
Élue il y a deux ans après le scandale des violences sexuelles secouant la fédération à la suite des révélations de Sarah Abitbol, violée adolescente par son entraîneur, la double championne d'Europe de danse sur glace et épouse de Jean Dujardin pensait avoir remis la FFSG "sur les rails". En 2020, c'est à l'issue d'un violent bras de fer avec le gouvernement que Didier Gailhaguet, avait jeté l'éponge. Celui qui a dirigé la FFSG de 1998 à 2004 puis de 2007 à 2020 pourrait-il revenir? "Oui je le crains, mais cela ne me regarde plus", a estimé Nathalie Péchalat, rapporte l'AFP. Didier Gailhaguet a "conduit le programme et la campagne" de Mme Noury, a-t-elle affirmé.
La nouvelle présidente Gwenaëlle Noury, qui ne s'était pas exprimée publiquement pendant la campagne et avait refusé les interviews, a, suite à sa victoire, finalement pris la parole : "Ce qui est important pour nous c'est de pouvoir représenter tous les clubs et de faire en sorte que les clubs soient au centre de cette fédération", a-t-elle expliqué. Didier Gailhaguet est-il derrière sa candidature, comme l'affirme Nathalie Péchalat ? "On n'était pas partis seuls, forcément ma démarche naturelle ça a été de consulter un maximum de gens. Didier Gailhaguet a été consulté, je ne le cache pas parce que pour moi ça reste un passionné des sports de glace, ça reste quelqu'un qui connaît les rouages de cette fédération", a-t-elle expliqué. "Je tiens à m'entourer de gens compétents qui connaissent cette machine fédérale et Didier en fait partie. Maintenant, il est un consultant comme tous les autres", s'est-elle justifiée, en voulant éviter "la polémique".
Sarah Abitbol, dont les révélations avaient lancé la crise qui devait mettre fin aux années Gailhaguet, a elle aussi réagi dans L'Obs à cette élection en espérant que "la nouvelle présidente saura garder ses distances avec Didier Gailhaguet, ce serait sinon une énorme gifle pour les victimes des violences sexuelles et une honte pour notre sport. "Il faudra être particulièrement attentif aux personnes qui seront installées à des postes de direction autour d'elle", a-t-elle prévenu. Un autre célèbre patineur, Gwendal Peizerat, interrogé par l'AFP, estime de son coté que "c'est cousu de fil blanc", et accuse de "naïveté" ceux qui ne voient pas que Didier Gailhaguet fomente son retour. Et s'ils le savent "alors honte à eux!". "Tous les soutiens de Gwenaëlle Noury sont des soutiens de Gailhaguet!", assure-t-il.
Le résultat de l'élection avait tout de suite été commenté par la nouvelle ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, qui a souhaité "plein succès à la nouvelle présidente", avant d'ajouter dans un tweet : "Le combat pour la libération de la parole des victimes et la lutte contre les violences sexuelles, impulsés par @NPechalatOff, devront être poursuivis".