Au lendemain de l'examen, par la XVIIe chambre correctionnelle de Paris, de la plainte pour diffamation de Nicolas Anelka contre le quotidien L'Equipe, divers journaux proposent dans leurs colonnes ce samedi 21 mai 2011 un compte-rendu et un bilan des débats assez consternants... Finalement, c'est peut-être Libération qui résume le mieux la situation, titrant : "L'art d'enculer les mouches."
Comme il en avait indiqué son intention au mois d'août 2010 auprès de France-Soir dans une interview fleuve exutoire, quelques semaines après les faits et le fiasco sportif et moral de l'équipe de France, Nicolas Anelka s'est pourvu en justice pour contester les propos que lui a prêtés L'Equipe ("Va te faire enc..., sale fils de p...") et réclamer la condamnation du quotidien sportif, en réaction à la une délétère du journal le 19 juin 2010 reproduisant les insultes que le footballeur auraient supposément proférées à Raymond Domenech à la mi-temps de France-Mexique. L'avant-centre des Blues de Chelsea demanderait 150 000 euros de dommages et intérêts ainsi qu'une publication judiciaire en première page.
Mais hier, la procureure n'est pas allée dans son sens, préconisant la relaxe du journal. Une procureure qui "avait l'air dépassée par les événements", observe France-Soir - un peu partisan -, mais qui a eu le don de pointer l'endroit où le bât blesse : non seulement Nicolas Anelka ne s'est pas déplacé "alors que son honneur était en jeu" (pour cause d'entraînement avec Chelsea, comme expliqué dans une lettre d'excuse), pas plus que ses témoins de moralité, Thierry Henry, Eric Abidal et Patrice Evra, mais en plus aucun des quatre joueurs n'a étayé la contestation des termes publiés. Derrière Anelka, ils ont adopté la même position : nier la teneur des propos... sans révéler les propos exacts qu'il a tenus. La procureure,a dmettant le caractère "racoleur" de la une de L'Equipe, n'a d'ailleurs pas résisté à fustiger la "malhonnêteté intellectuelle" de la partie civile, ne contestant pas que des injures ont été proférées, mais seulement leur teneur.
En résumé, la procureure a constaté, justifiant selon elle la relaxe, que "l'offre de preuves n'est pas parfaite" de la part de L'Equipe, mais que les attestations produites par Anelka "ne disent rien". L'ancien président de la FFF Jean-Pierre Escalettes, appelé à témoigner par L'Equipe (en plus du directeur de la rédaction Fabrice Jouhaud et des auteurs de l'article, Damien Degorre et Raphaël Raymond), a avoué ne pas connaître les mots exacts, mais a réitéré qu'il s'agissait de "propos inacceptables" et souligné que si Evra avait évoqué "une taupe" lorsque l'affaire éclata, "c'est qu'il y avait quelque chose à trahir". Roselyne Bachelot, qui avait initialement accepté de venir témoigner, a en revanche fait défection.
Jugement attendu le 1er juillet.