La sentence est tombée pour Nicolas Anelka. Comme l'a annoncé son avocat, deux mois après avoir réalisé une controversée "quenelle", le geste des adeptes de Dieudonné, pour célébrer un but, l'attaquant de West Bromwich Albion (WBA) vient de voir la fédération anglaise de foot (FA) le suspendre pour cinq matches de championnat.
Un Nicolas Anelka "content"...
Clémente, la décision de la FA a été évidemment bien accueillie par Nicolas Anelka. L'international français est "content que la commission de discipline de la FA ait considéré qu'il n'était pas antisémite et qu'il n'avait pas l'intention d'exprimer ou de promouvoir l'antisémitisme par son geste, s'est réjoui l'avocat du joueur, Brown Rudnick, qui précise toutefois que son client pourrait faire appel. Il attend maintenant de recevoir les conclusions de la commission pour considérer un éventuel appel."
Car alors qu'on craignait une grosse suspension de dix matches, qui aurait risqué de mettre fin à sa carrière un peu plus tôt que prévu, Nicolas Anelka a écopé de la sanction minimale. Accusée d'avoir fait "un geste abusif et/ou indécent et/ou insultant et/ou incorrect en relation avec l'origine ethnique et/ou la race et/ou la religion", la star, qui devra aussi s'acquitter d'une amende de 97 300 euros et s'engager à suivre un stage éducatif, a toujours nié la connotation antisémite de son geste. "Je ne suis ni antisémite, ni raciste", avait-il déclaré.
... et Manuel Valls aussi
Pour sa défense, Nicolas Anelka a notamment marqué des points lors de ses deux jours d'audition devant les trois experts indépendants de la commission de discipline, qui a toutefois reconnu qu'il avait "enfreint de manière aggravée la loi E3 de la FA". Le buteur avait également obtenu un "soutien" de poids en la personne de Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, qui avait affirmé dans une interview que la quenelle, réalisée dans un "lieu quelconque", était un "geste de révolte contre l'establishment qui ne mérite pas de sanction sévère". Une version rejoignant celle du joueur qui avait parlé d'une "dédicace" anti-système et d'un clin d'oeil à Dieudonné, un de ses amis, après avoir réalisé cette quenelle, un bras tendu vers le bas, l'autre bras replié touchant l'épaule, que la Licra avait toutefois qualifiée de "salut nazi inversé".
La sanction a donc été bien accueillie par Nicolas Anelka mais également par les détracteurs de Dieudonné, Manuel Valls en tête. Le ministre de l'Intérieur et amoureux d'Anne Gravoin a ainsi déclaré que la suspension du joueur était un "signe important", répétant qu'il jugeait ce geste "antisémite", sans vouloir faire plus de commentaires.
Une affaire qui fait du "tort" à son club
Quelles seront désormais les conséquences sportives pour Nicolas Anelka ? Son club, WBA, n'a en effet que peu goûté l'affaire, d'autant qu'il a notamment perdu son sponsor maillot Zoopla, et a publié un communiqué rappelant qu'il ne pouvait ignorer "le tort que cette action a causé, particulièrement à la communauté juive, ni les dommages sur la réputation du club". Le verra-t-on à nouveau en Premier League ? C'est toujours possible puisque, sous contrat jusqu'en juin, il lui restera en théorie six matches à jouer, s'il ne fait pas appel ou que la sanction reste la même, même si son équipe attend les résultats d'une "enquête interne", signe qu'un nouveau rebondissement n'est pas à exclure.
Cette affaire aura en tout cas une nouvelle fois conforté l'image de bad boy de Nicolas Anelka. Alors qu'on le pensait assagi à 34 ans et à la veille de la fin de sa carrière, dans un club anglais de seconde zone, celui qui avait été suspendu dix-huit matches par la Fédération française de foot pour avoir insulté son sélectionneur de l'époque, Raymond Domenech, a donc encore frappé. Histoire de bien rappeler qu'à l'instar d'un certain Eric Cantona, son côté rebelle l'a sûrement empêché de faire une plus grande carrière...