Niels Arestrup - Enregistrement de l'émission "Vivement Dimanche" à Paris le 13 mai 2014.© BestImage
La suite après la publicité
Charismatique, taiseux, impressionnant, inquiétant... Niels Arestrup (65 ans) est un acteur à l'aura puissante. Il ne cherche pas à séduire, mais il a pourtant une armée d'admirateurs, béats devant tant de talent. Si l'homme aux trois César se dit timide, pour L'Express, il évoque son métier à coeur ouvert, abordant au passage les relations humaines, complexes et passionnantes.
Un grand acteur à la réputation difficile, c'est l'image que l'on a souvent de Niels Arestrup. On lui rappelle régulièrement l'histoire de la gifle qu'il aurait donnée à ses partenaires Isabelle Adjani et Myriam Boyer : "C'était il y a trente et vingt ans..., répond-il. Dans le métier, on dit que trois pièces portent malheur, Mademoiselle Julie [dans laquelle il a joué avec Adjani, remplacée ensuite par Fanny Ardant], Qui a peur de Virginia Woolf ? [avec Boyer, remplacée ensuite par Catherine Arditi] et Macbeth. J'en ai joué deux, c'est bon." Il a "horreur de la violence" et assure être quelqu'un de banal : "Je n'effraie personne." Alors, d'où lui vient cette réputation ? "Dans ce métier comme dans d'autres, il est plus ou moins consciemment recommandé de se montrer aimable. Si, par malheur, vous êtes plus distant et vous fuyez les dîners en ville, vous passez pour un difficile."
Père et flic dans La Dune - son dernier film où joue également Guy Marchand -, Niels Arestrup aborde la question de la paternité et de la filiation, récurrentes dans ses films (De battre mon coeur s'est arrêté, Un prophète, Tu seras mon fils...) : "Je ne voulais pas d'enfants. J'en ai eu, par amour, à 62 ans [il a eu des jumeaux avec Isabelle Le Nouvel qu'il a épousée le 15 septembre 2012]. Quant au cinéma, il me distribue en effet des rôles de père et de grand-père, ce qui me gonfle d'ailleurs. Le grand-père, je l'ai fait pour Steven Spielberg [dans Cheval de guerre]."
Dans ses yeux, il y a de la franchise, de la passion pour son métier mais aussi des blessures : "On peut faire semblant, déconner. Mais les blessures de l'enfance restent inconsolables." En effet, il est né par accident et cela pourrait avoir eu des conséquences : "Je ne sais pas. (...) Je ne suis aimable [de mes parents] que parce que je suis du sang de mon père et de ma mère." La relation au père, justement, il en a beaucoup discuté avec Jacques Audiard : "Michel Audiard, physiquement absent pour lui ; le mien, absent dans la distance des rapports. Arrivé du Danemark, mon père, ouvrier, a atterri au Havre pendant la guerre. Il était de passage pour l'Amérique. Il a croisé le regard de ma mère dans un restaurant. Et il est resté à Paris."
Des souffrances qui nourrissent, consciemment ou non, son si beau jeu. Il aimerait jouer devant la caméra du torturé Lars von Trier. Et nous, on n'attend que cela.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine L'Express du 6 août
Un grand acteur à la réputation difficile, c'est l'image que l'on a souvent de Niels Arestrup. On lui rappelle régulièrement l'histoire de la gifle qu'il aurait donnée à ses partenaires Isabelle Adjani et Myriam Boyer : "C'était il y a trente et vingt ans..., répond-il. Dans le métier, on dit que trois pièces portent malheur, Mademoiselle Julie [dans laquelle il a joué avec Adjani, remplacée ensuite par Fanny Ardant], Qui a peur de Virginia Woolf ? [avec Boyer, remplacée ensuite par Catherine Arditi] et Macbeth. J'en ai joué deux, c'est bon." Il a "horreur de la violence" et assure être quelqu'un de banal : "Je n'effraie personne." Alors, d'où lui vient cette réputation ? "Dans ce métier comme dans d'autres, il est plus ou moins consciemment recommandé de se montrer aimable. Si, par malheur, vous êtes plus distant et vous fuyez les dîners en ville, vous passez pour un difficile."
Père et flic dans La Dune - son dernier film où joue également Guy Marchand -, Niels Arestrup aborde la question de la paternité et de la filiation, récurrentes dans ses films (De battre mon coeur s'est arrêté, Un prophète, Tu seras mon fils...) : "Je ne voulais pas d'enfants. J'en ai eu, par amour, à 62 ans [il a eu des jumeaux avec Isabelle Le Nouvel qu'il a épousée le 15 septembre 2012]. Quant au cinéma, il me distribue en effet des rôles de père et de grand-père, ce qui me gonfle d'ailleurs. Le grand-père, je l'ai fait pour Steven Spielberg [dans Cheval de guerre]."
Dans ses yeux, il y a de la franchise, de la passion pour son métier mais aussi des blessures : "On peut faire semblant, déconner. Mais les blessures de l'enfance restent inconsolables." En effet, il est né par accident et cela pourrait avoir eu des conséquences : "Je ne sais pas. (...) Je ne suis aimable [de mes parents] que parce que je suis du sang de mon père et de ma mère." La relation au père, justement, il en a beaucoup discuté avec Jacques Audiard : "Michel Audiard, physiquement absent pour lui ; le mien, absent dans la distance des rapports. Arrivé du Danemark, mon père, ouvrier, a atterri au Havre pendant la guerre. Il était de passage pour l'Amérique. Il a croisé le regard de ma mère dans un restaurant. Et il est resté à Paris."
Des souffrances qui nourrissent, consciemment ou non, son si beau jeu. Il aimerait jouer devant la caméra du torturé Lars von Trier. Et nous, on n'attend que cela.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine L'Express du 6 août