Rappeur discret mais très polémique, Orelsan doit à nouveau répondre de ses textes devant la justice. Si en 2009, le rappeur français a été poursuivi par le mouvement féministe Ni Putes Ni Soumises pour "provocation au crime" avec la chanson Sale Pute, affaire dans laquelle il a finalement été relaxé en juin 2012, cette fois, ce sont les Chiennes de garde, Collectif contre le viol, la Fédération nationale solidarité femmes, Femmes solidaires et le Mouvement français pour le planning familial qui s'attaquent à huit des textes du rappeur de 30 ans.
Les faits reprochés par les cinq associations féministes remontent au 13 mai 2009 lors d'un concert qui s'est tenu au Bataclan à Paris. "Je te quitterai dès que je trouverai une chienne avec un meilleur pedigree", "Mais ferme ta gueule, ou tu vas t'faire Marie-Trintigner", "Si t'es gourmande, je te fais la rondelle à la margarine", font partie des propos poursuivis pour injures et provocation à la haine et à la violence, rapporte L'Express.
Jeudi 22 mars devant le tribunal correctionnel de Paris, le jeune Caennais – qui chantait à destination des détractrices de son morceau Sale Pute dans le morceau RaelSan : "Merci quand même pour le coup de pub / Merci les chiennes de garde pour le coup de pute" – a assuré que ses textes n'étaient que "de la fiction". "Je ne suis pas en train de faire un discours politique. (...) C'est une chanson, je ne suis pas en train de donner mon avis" a-t-il ajouté.
Une fiction que Florence Montreynaud, fondatrice des Chiennes de garde, ne tolère pas. Entendue comme témoin, la fondatrice a déclaré que le sexisme fait l'objet d'une "tolérance incroyable, alors que c'est le premier des racismes". Soulignant que "la création n'est pas déconnectée du réel", elle a interpellé l'assemblée en se demandant si remplacer le mot "femme" par "juif" ou noir" serait plus tolérable.
Lors de ses précédentes poursuites en 2009, le rappeur s'était défendu en revendiquant sa liberté d'expression artistique et de création : "En France, nous avons la liberté de création, et ce sera super dangereux de censurer ça" a-t-il réitéré jeudi au tribunal. Autres arguments, du chanteur, le concert s'est déroulé face à un public de "1000 personnes" et : "Les plaignantes poursuivent des chansons interprétées lors d'un concert auquel elles n'ont même pas assisté, c'est un peu stupide."
Mais c'est un autre argument qui a pesé dans la balance pour Orelsan qui a déclaré : "En fonction de la façon dont on coupe les chansons, on peut faire dire n'importe quoi. Ça ne représente même pas 3% de ce que j'ai chanté lors de ce concert." Un point de vue rejoint par le procureur Me Anne Coquet qui a estimé que la lecture intégrale des textes permet de bien de comprendre que "chacune des chansons" raconte une "histoire particulière". Le jugement a été mis en délibéré au 25 avril.
À la sortie du tribunal, Pas peu fier de la tournure que prend cette affaire, Orelsa s'est exclamé : "Une fois que ce procès sera terminé. Je pense que plus personne n'osera porter plainte contre mes textes."