Après de longues confrontations, explications, analyses de l'affaire, dans tous les médias français, Orelsan va enfin être jugé pour provocation au crime. C'est aujourd'hui lundi 7 mai que le rappeur de 29 ans comparaît devant la 17e chambre correctionnelle de Paris. C'est pour sa chanson Sale Pute, tristement célèbre, qu'Aurélien Cotentin, de son vrai nom, est poursuivi par l'association féministe Ni Putes Ni Soumises.
Sans cesse rattrapé par cette polémique autour du titre datant de 2009, avant la sortie de son premier album, Perdu d'avance, Orelsan a vécu jusqu'à présent quelques déconvenues. Des concerts annulés, une participation à des festivals contestée, il se mord les doigts tout en expliquant qu'il fallait prendre ses paroles au second degré : "J'te déteste / j'veux que tu crèves lentement / j'veux que tu tombes enceinte et que tu perdes l'enfant."
Sympathique.
Les Francopholies de La Rochelle annulait sa visite en 2009 ; récemment en mars 2012, le festival Sakifo à la Réunion perdait ses subventions en raison de la venue du rappeur. Un boomerang qui lui revient sans arrêt derrière la nuque, lui qui a pourtant été récompensé de deux Victoires de la musique en février 2012.
Le jeune Caennais s'évertue à défendre son titre, tout en présentant ses excuses, au tribunal. Le procès s'est ouvert sur la diffusion, sur l'iPad de l'avocat d'Orelsan, du clip Sale Pute. La chanson narre dans des termes très crus la colère d'un jeune homme qui, se découvrant trompé, menace sa compagne de toute une série de violences physiques. Au moment du refrain, des rires sont entendus, y compris dans les rangs de Ni Putes Ni Soumises.
L'association voit en cette chanson "une incitation à la violence la plus ignoble qui met en scène le désir de viol, de violence, de torture et d'assassinat" et "exprime le mépris le plus profond pour toutes les femmes". Rappelons qu'au moment où il recevait ses Victoires de la musique, Ni Putes Ni Soumises "s'est félicitée du changement de style des chansons du rappeur". La nouvelle présidente de l'association, Asma Guénifi, ajoutait : "Nous attendrons un jugement exemplaire contre toute apologie sordide de la brutalité envers les femmes. Aucune oeuvre dite 'de fiction' ne peut justifier la haine, le mépris et l'entrave à la liberté des femmes."
En concert à Bourges, le 27 avril dernier, Orelsan lançait en entrant sur scène: "Désolé, mais je ne vais pas jouer Sale Pute ce soir."
Un procès à suivre, la décision ayant été mise en délibéré, selon le Twitter de la journaliste Julie Saulnier (L'Express), et sera rendue le 16 juin prochain.