Oscar Pistorius, poursuivi pour le meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp dans la nuit du 14 février 2013, va être interné en hôpital psychiatrique. Une décision rendue par la juge pour établir si oui ou non l'athlète double amputé souffre de troubles psychiatriques.
Hôpital psychiatrique
C'est la juge Thokozile Masipa qui a rendu sa décision ce mercredi 14 mai. Oscar Pistorius pourrait être envoyé en hôpital psychiatrique pour y passer une batterie de tests pouvant durer un mois, afin de définir s'il souffre ou non d'un "trouble d'anxiété généralisé". Hier, dans son rapport, la psychiatre Meryll Vorster avait émis l'hypothèse selon laquelle que l'athlète pourrait être atteint d'un trouble de l'anxiété généralisé, développé depuis son enfance et auquel sa mère ne serait pas étrangère.
Ce rapport présenté par la défense "ne peut pas remplacer une évaluation appropriée", a expliqué la juge Thokozile Masipa citée par l'AFP, ajoutant que l'examen n'avait pas pour but de punir Pistorius mais d'"assurer à l'accusé un procès équitable" et de "révéler si au moment du crime, [il] souffrait d'un trouble mental qui aurait pu le rendre pénalement non responsable de son acte". Une décision qui n'a évidemment pas plu à la défense, comme l'a expliqué la juge : "Étrangement, la défense s'est opposée à cette demande. Il ne serait pas sage pour la cour de juger sur un seul diagnostic, sans l'avis d'autres experts." Par ailleurs, ce rapport psychiatrique laisse planer le doute sur le fait qu'Oscar Pistorius ait encore changé de ligne de défense, ce qui est interdit par la législation sud-africaine.
De quoi prolonger un peu plus un procès qui s'éternise et qui a obligé l'accusé à vendre la maison du drame pour payer ses avocats. Mais cette expertise médicale pourrait jouer un rôle crucial sur la suite du procès, suspendu jusqu'à mardi prochain. Selon Meryll Vorster, ce trouble aurait eu des conséquences directes sur ses relations personnelles, sa vie sexuelle, et aurait exacerbé sa peur de la criminalité, très élevée en Afrique du Sud.
Trouble de l'anxiété ?
"Fonctionnait-il socialement ? Oui, on dirait que oui. Mais pas de façon optimale", a exposé Meryll Vorster avant d'expliquer qu'il se faisait de nouveaux amis "afin sans doute d'éviter d'être seul" : "Il était seulement en leur compagnie pour éviter d'être seul." Quant aux relations sentimentales d'Oscar Pistorius, elles "semblent avoir duré bien peu de temps".
Cependant, le procureur Gerrie Nel a rejeté les conclusions de Meryll Vorster, demandant une nouvelle analyse indépendante. Il a notamment expliqué, après avoir cuisiné et poussé à bout Oscar Pistorius cinq jours durant, n'avoir trouvé "aucun indice d'une quelconque anxiété anormale". Par ailleurs, le fait qu'Oscar Pistorius n'ait pris aucune des mesures de sécurité les plus élémentaires dans son domicile – comme la pose de barres de sécurité aux fenêtres, l'existence d'une alarme en état de marche ou encore la porte de sa chambre grande ouverte – ne cadre pas avec la personnalité obnubilée par la sécurité que décrit par l'experte.
Changement de défense
Selon Gerrie Nel, ce rapport psychiatrique est une manière détournée pour la défense d'alléger la peine de l'accusé, faire appel de la future condamnation ou encore requalifier l'affaire. "Madame, des accusés ont déjà changé leur ligne de défense en cours de route, en particulier quand les choses tournent mal", a lancé au juge le procureur. Selon lui, Oscar Pistorius a commencé par avancer la thèse de l'auto-défense, puis celle de la panique avant de terminer par l'hypothèse de troubles mentaux.
La thèse d'Oscar Pistorius, selon laquelle il aurait abattu Reeva Steenkamp par erreur, pensant avoir à faire à un cambrioleur, est mise à mal depuis le début du procès, le 3 mars dernier, par le procureur et de nombreux témoins. Pour Gerrie Nel, Oscar Pistorius aurait volontairement tué sa compagne après une énième dispute.