Il y a eu les piques de Rama Yade, et notamment ses attaques sur le complexe hôtelier fastueux des Bleus en Afrique du Sud, quand elle-même dépensait 44 000 euros pour son séjour ; il y a eu la visite maternelle et mortifiante de Roselyne Bachelot, et ses suites par médias interposés ; il y a eu le déluge d'ingérences du monde politique après le fiasco, jusqu'au chef de l'Etat, passionné de football et offusqué du déshonneur de la nation.
Et les choses ne semblent pas près de s'arranger, car, de toute évidence, les personnalités politiques ont pris goût à donner leur avis sans qu'on leur demande et à garder leur nez dans les affaires des Bleus.
Chantal Jouanno, qui a quitté l'Ecologie pour devenir ministre des Sports en novembre 2010 à l'occasion du remaniement ministériel, ne fait pas exception, et marque déjà son mandat en intervenant sur ce dossier toujours pas clos : le clash de Knysna.
En réaction aux récentes déclarations du président de la FFF Fernand Duchaussoy, qui constatait que Patrice Evra avait purgé sa peine de cinq matchs de suspension pour son rôle dans la grève des Bleus et pouvait donc être sélectionné à nouveau, la ministre a jeté un pavé dans la mare, dans les colonnes de L'Equipe de ce samedi 29 janvier : elle "ne comprend pas qu'on laisse entendre que les meneurs de la fronde en Afrique du Sud puissent être réintégrés".
L'avis devient proprement péremptoire lorsqu'elle développe, catégorique : "Indépendamment de leurs qualités, qu'ils reviennent serait inadmissible. On ne peut pas faire honte à la France et prétendre ensuite rejouer en équipe de France (...) Ce serait une énorme erreur d'oublier ce qui s'est passé. Je suis certaine qu'il existe d'autres talents qui n'ont pas sali la France et qui attendent qu'on leur donne leur chance pour écrire une nouvelle histoire. Il faut être inflexible sur ce sujet."
On se souvient que Laurent Blanc avait peu goûté, après sa prise de fonction, ce genre de "directives" émanant du monde politique. On devrait savoir dans quelques jours, en découvrant jeudi la sélection pour la réception, en amical, du Brésil au Stade de France (match à l'occasion duquel les Bleus étrenneront leur superbe nouveau maillot), s'il en prend acte ou non - sachant que Patrice Evra, un des cinq "punis" de Knysna (avec Ribéry, Toulalan et Anelka), a reçu une préconvocation.