Flashback : en février 2021, l'écrivaine Florence Porcel accuse Patrick Poivre d'Arvor de viols. Dans les semaines et mois qui suivent, c'est alors un torrent de révélations et la libération de la parole de plusieurs femmes qui portent à leur tour de graves accusations contre l'ex-star de TF1, à tel point qu'au cours de l'été on enregistre pas moins de 7 plaintes contre lui ! Mais, en juin c'est la douche froide avec le classement sans suite de l'enquête. Depuis, d'autres femmes se sont manifestées.
En effet, en novembre dernier on apprend que huit femmes ont accepté de sortir du silence et, le même mois, Florence Porcel revient à la charge avec une nouvelle plainte. "Trois femmes [sur une dizaine qui se sont manifestées auprès du quotidien et sur un total de vingt-trois entendues par la police, NDLR], qui ne figuraient pas dans l'enquête préliminaire" portent désormais des accusations contre PPDA dans l'édition du 15 décembre 2021 du journal Libération. "Elles décrivent des faits pouvant s'apparenter à des agressions sexuelles ou à des viols. L'un d'eux, non prescrit, pourrait entraîner des poursuites judiciaires", précise le quotidien.
Je n'ai pas eu le temps de me poser 10 000 questions
Parmi celles qui parlent ouvertement, on retrouve notamment Amandine Cornette de Saint Cyr, qui a connu une situation similaire à celles décrites par d'autres victimes supposées. D'ailleurs, c'est à Patrick Poivre d'Arvor qu'elle faisait discrètement référence dans son livre Des plumes sous ma couette, paru en 2018, qui met en scène un personnage dit "l'animenteur". Elle l'a rencontré une première fois en 2007 pour l'émission Vol de nuit puis une seconde fois en 2009 au Festival de Cannes. C'est à ce moment là qu'il lui propose de monter les marches ensemble, ce qu'elle accepte, emballée par la belle proposition. Alors qu'il tarde à descendre de sa chambre d'hôtel, il lui demande de monter le temps qu'il se prépare et celle-ci, un peu acculée, s'exécute. Il est alors nu, en peignoir. "Je n'ai pas eu le temps de me poser 10 000 questions, ça a été ultra rapide (...) Je suis coincée, car on est dans une chambre. Je trouve quand même un peu raide qu'il se jette ainsi sur moi, qu'il agisse comme ça, à froid." Elle qualifie aujourd'hui la relation sexuelle "d'inattendue" et de "non souhaitée" mais refuse de la qualifier de viol car elle estime qu'elle aurait pu se débattre.
Marquée par l'agression, Amandine Cornette de Saint Cyr - qui s'était ensuite fait tripoter par PPDA dans la salle du Festival avant qu'elle ne finisse par s'enfuir - ajoute : "J'ai été abusée. Il n'avait jamais été question que je monte dans cette chambre. Ce n'était pas le lieu de notre rendez-vous. J'ai été prise au dépourvu. Poivre consomme et maltraite. J'avais honte. J'étais une jeune femme de 33 ans, célibataire, séparée depuis peu. C'était trop pour moi. Cette relation aurait dû être valorisante et amusante et j'ai été rabaissée et humiliée."
Les faits décrits ne sont pas couverts par la prescription et ils pourraient entraîner des poursuites judiciaires contre le journaliste. "Si l'autrice ne souhaite pas porter plainte à ce stade, il est possible qu'ils intéressent la justice, qui pourrait rouvrir le dossier bientôt", précise Libération. Malgré tout cela, Amandine Cornette de Saint Cyr revoit PPDA en 2009 en Corse sans qu'il ne se passe rien puis chez lui à Neuilly la même année, là encore sans contrainte.
J'ai suivi Poivre, bêtement, comme une bête qui va à l'abattoir
Les deux autres témoignages relayés par le quotidien sont ceux de Laure Eude, qui a travaillé au bureau de presse du Festival de Cannes en 1985. Alors qu'il l'invite à prendre un verre dans un bar d'hôtel, elle accepte car elle voulait faire un stage sur Antenne 2. Mais lors de leur rendez-vous, il veut alors faire un détour par sa chambre. "J'ai suivi Poivre, bêtement, comme une bête qui va à l'abattoir", dit-elle. Il ferme à double tour, sort rapidement son pénis et lance l'offensive. Une scène surréaliste qui donne lieu ensuite à un moment de "grand blanc" pour la jeune femme qui ajoute : "Je suis allongée sans culotte et sans pantalon et il est au-dessus de moi. J'ai le sentiment de me liquéfier pendant qu'il me pénètre sans préservatif. Mon corps est là, et je suis ailleurs." Des années après, elle garde un traumatisme corporel. "Quand on a été violée, le sexe, ce n'est pas très fun. J'ai mis beaucoup de temps à refaire confiance à un homme", dit-elle. Malgré la prescription, elle a porté plainte le 9 novembre.
Il met le bout de la langue, qui perce mes lèvres closes
Enfin, Isabelle a aussi relaté une agression sexuelle survenue en 2013, à Valmorel, en Savoie. Elle est alors hôtesse d'accueil au restaurant du Club Med, où se déroulent les Micros d'or. "J'ai posé pour une photo avec lui (...) Le lendemain midi, il m'a suivie à une pause cigarette et m'a demandé si j'avais déjà visité les chambres de luxe du Club Med", se souvient-elle. Le soir venu il revient vers elle et lui fait du rentre dedans alors qu'elle n'est pas intéressée. Elle essaye de s'en tirer en prétendant la fatigue et l'envie de retourner dans sa chambre. Insistant, il veut la raccompagner et prend l'ascenseur avec elle. "J'ai la tête baissée, je suis gênée. Quand je la relève, il est devant moi et il m'embrasse. Il met le bout de la langue, qui perce mes lèvres closes, j'en suis encore dégoûtée. Il n'y a pas de force dans son geste, mais il y a de la surprise. Je le repousse." Elle évitera le pire grâce à des collègues dans le couloir lors de l'ouverture des portes. "Je ne suis pas traumatisée par cette histoire, mais je me demande ce qu'il aurait fait si je n'avais pas rejoint des collègues", dit-elle. Elle a porté plainte le 7 décembre, en solidarité.
Patrick Poivre d'Arvor reste présumé innocent des faits reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.