Jeudi 3 mai 2018, Solveig Halloin (44 ans) a finalement été auditionnée pendant plus de cinq heures par la police judiciaire de Toulouse après sa plainte pour viol contre le comédien et metteur en scène Philippe Caubère (67 ans). Le 16 avril dernier, nos confrères du magazine Le Point avaient révélé en exclusivité qu'une enquête préliminaire avait été ouverte. Solveig Halloin avait déposé plainte le 27 mars auprès du parquet de Béziers où aurait été commis le crime. Des faits (fermement démentis par Philippe Caubère, qui décrit une relation consentie et qui a récemment porté plainte pour diffamation) qui remonteraient à 2010 dans une chambre d'hôtel de la ville.
Dans sa plainte, Solveig Halloin dit aussi avoir été frappée, étranglée et humiliée. Des propos qu'elle réitère aujourd'hui dans un entretien accordé au journal Le Parisien. Déterminée à aller jusqu'au bout, cette mère de famille assure que c'est "le courage des autres femmes" qui la pousse à poursuivre le combat. Elle suggère ainsi qu'il y a d'autres victimes et s'en explique : "Philippe Caubère ne s'en cache pas, et je l'ai longuement relaté dans ma plainte ! Il me décrivait des heures durant ses agissements avec moult détails et les noms de ces femmes. Plusieurs d'entre elles m'ont déjà contactée suite à ma plainte, il appartient à chacune de décider de témoigner. Les lire est pour moi un immense soulagement en même temps qu'une peine. J'espère de tout mon être que beaucoup trouveront le courage de témoigner de façon anonyme ou pas, en portant plainte ou pas", a-t-elle confié.
Ex-Femen et ancienne dramaturge, Solveig Halloin s'est ensuite remémoré la nuit des faits supposés après avoir décrit le piège que lui aurait tendu Philippe Caubère. "J'admirais beaucoup le comédien. Il m'a fait croire à une passion amoureuse et je l'ai naïvement cru, mais il était uniquement en train d'effectuer le fameux grooming, la mise en condition... Sa manipulation a été totale, il a usé de techniques de harcèlement moral très précises qui ont cassé mon intégrité : dévalorisation, culpabilisation, menaces de mort, volonté de m'isoler, chaud-froid, victimisation permanente...", a-t-elle expliqué. Avant d'évoquer un souvenir qui fait froid dans le dos. "Juste avant de me battre et de me violer, il a simulé un malaise qui m'a beaucoup inquiétée dans le couloir de l'hôtel. 'Ça va ?', lui ai-je demandé. 'Putain, je suis amoureux.' Dire 'je t'aime' avant de pratiquer des violences fait partie d'un mode opératoire très rodé. (...) Il utilisait les mots du registre affectif pour nommer ses gestes d'une violence totale, ce procédé pervers m'a détruite. Il m'appelait 'Salope, maman !' quand il était en train de m'anéantir", a-t-elle poursuivi.
Huit ans après les faits supposés, Solveig Halloin affirme que la liste de son "parcours de soins" est longue - psychothérapies, yoga et témoignages auprès d'un "cercle de parole dans un centre de violences faites aux femmes". Elle confie néanmoins que ce qui a été "salvateur" a été "les paroles des autres victimes de viol" qui l'ont sortie "d'un état suicidaire". Aujourd'hui, son combat pour la dignité des femmes est "le seul" qu'il lui reste.