C'est en 2007 que l'abbé Pierre a tiré sa révérence. Il aura fallu attendre 2024 pour que son nom se retrouve au coeur d'une bien sombre affaire. Le co-fondateur emblématique de l'association Emmaüs, homme d'église, a vu son héritage partir en fumée ces derniers jours, alors que plusieurs témoignages dénoncent son comportement. Au total, on parle de pas moins de 24 personnes qui l'accusent d'agressions sexuelles. Si pour le plus grand nombre cette affaire est apparue comme un choc, il y a 30 ans, une femme révélait déjà une information très parlante à son sujet, à la télé.
En effet, c'est dans un papier de Franceinfo que l'on découvre que selon le Pôle enquête de la RTS, l'abbé Pierre aurait aussi fréquenté les maisons closes de Genève. Une accusation déjà portée il y a plus de 30 ans, précise l'article. C'est en réalité le 15 mai 1990 sur TF1, dans l'émission Ciel mon mardi ! en face de Christophe Dechavanne, qu'une défenseuse bien connue des travailleuses du sexe à Genève, prostituée elle-même, Grisélidis Real, lâche une bombe. "La patronne nous avait dits : venez regarder par le trou de serrure de la salle de bains, il y a quelqu'un qui attend son tour. C'était quelqu'un d'extraordinaire, qui a fait beaucoup de bien à l'humanité. C'était l'abbé Pierre et je l'ai vu", avait-elle confié ce soir-là devant des millions de téléspectateurs. "Jamais j'en ai parlé mais aujourd'hui, je ne peux plus me taire", avait-elle ajouté.
Et pourtant, dans cette émission culte où les témoignages crus se succédaient, personne n'accordera le moindre crédit aux confidences de Grisélidis Real. Ce ne sont que des années plus tard, que ce témoignage fait étrangement écho aux terribles révélations au sujet de l'abbé Pierre. La RTS, qui a exhumé ce témoignage après les révélations autour des violences sexuelles commises par ce dernier, précise néanmoins qu'à Genève, le fondateur d'Emmaüs séjournait régulièrement dans un hôtel proche du quartier des Pâquis, considéré comme un coin "chaud" de la ville.
Pour rappel, selon le dires des personnes qui accusent l'homme d'église, les faits se seraient déroulés entre les années 50 et les années 2000. Une femme déclare notamment avoir subi des "baisers forcés" et "des contacts" non sollicités alors qu'elle avait 8 à 9 ans, entre 1974 et 1975 en Île-de-France.