L'hommage national prévu pour l'historienne Hélène Carrère d'Encausse, morte le 5 août 2023 à l'âge de 94 ans, a eu lieu en présence d'Emmanuel Macron ce mardi 4 octobre. Aux côtés de son épouse, Brigitte Macron, le président de la République lui a fait honneur devant sa famille, son mari Louis Carrère d'Encausse, ainsi que leurs trois brillants enfants et leurs proches, unis dans la dignité et la tristesse : l'écrivain Emmanuel (1957), l'avocate Nathalie (1959) et la médecin et animatrice Marina (1961). Cette dernière, s'intéressant au sujet de la fin de vie, n'avait pas caché son émotion face à la disparition de son illustre mère.
La "nation s'incline" devant "la petite fille des steppes et la mère de la Coupole", "l'apatride et la matriarche", "l'orpheline et la tsarine", a lancé le chef de l'Etat aux Invalides en saluant la mémoire de la première femme à avoir été à la tête de l'Académie française. "L'immortelle, universelle, perpétuelle", a-t-il ajouté. Dans le public, on pouvait reconnaître des visages célèbres tels que ceux de Lionel Jospin, Frédéric Beigbeder ou encore la Grande-Duchesse Maria Teresa du Luxembourg et l'écrivain Amin Maalouf qui lui succède en tant que secrétaire perpétuel de l'Académie française.
Hélène Carrère d'Encausse, membre de l'Académie à partir de 1990, avait pris en 1999 le poste de secrétaire perpétuel de l'institution qui se réunit sous la coupole de l'Institut de France. Son successeur, l'écrivain franco-libanais Amin Maalouf, était présent à cet hommage ainsi qu'un grand nombre d'académiciens. L'historienne a eu une carrière politique et a notamment été élue au Parlement européen en juin 1994. Grande spécialiste de la Russie, elle a écrit plusieurs biographies dont celles de Lénine, Staline ou Catherine II.
Fille d'un philosophe géorgien émigré en France, elle était vue jusqu'au déclenchement de l'offensive russe en Ukraine en février 2022 comme indulgente vis-à-vis de Vladimir Poutine. Le président russe a dit, à sa mort, espérer que son "héritage" aiderait à améliorer les relations entre Moscou et Paris.
Emmanuel Macron est revenu sur ce qui était son "credo, le caractère européen du destin de la Russie"."Elle ne cacha pas son trouble, sa colère même, à voir le président russe sacrifier cette perspective pour une guerre atroce qu'elle n'avait pas cru possible", a-t-il dit. "Ce fossé sanglant creusé entre l'Europe et la Russie lui passait en plein coeur, écartelant sa propre histoire."