Le prince George de Cambridge a depuis sa naissance une chambre au décor de savane, et le prince William n'avait pas hésité, très tôt, à confier qu'il aimerait en faire son héritier dans son combat pour la protection de la faune sauvage. L'idéal serait que le garçonnet n'ait jamais à se battre pour sauver la beauté du monde... Son père met tout en oeuvre pour qu'il ait au moins une chance de la connaître et de la défendre.
Devenu en un rien de temps l'un des acteurs majeurs, à l'échelle mondiale, de la lutte contre le braconnage et le commerce illégal des espèces menacées, le duc de Cambridge a déclaré la guerre à la folie des hommes et aux contrebandiers qui déciment sans scrupules éléphants, rhinocéros et autres espèces. Malgré son emploi à temps plein de pilote d'hélicoptère-ambulance pour l'organisme East Anglian Air Ambulance, le jeune homme de 33 ans, épris comme son frère Harry de la beauté du continent africain que leur mère Lady Di leur a fait découvrir, se mobilise autant qu'il le peut.
Après avoir réuni toutes les bonnes volontés (de David Beckham et Yao Ming à Jackie Chan) autour de l'action United for Wildlife qu'il a initiée et multiplié les prises de paroles, le prince William, parrain du Tusk Trust qui mène le même combat, tirait une nouvelle semonce lundi 19 octobre 2015 en s'attaquant non plus seulement aux braconniers, mais aux causes de ce terrible marché noir : la demande des pays asiatiques, qui jugule cette macabre industrie. Depuis l'université londonienne King's College, le fils du prince Charles et petit-fils de la reine Elizabeth II s'est adressé directement à des dizaines de millions de Chinois, utilisant même quelques formules en mandarin, par le biais d'un discours filmé pour une émission populaire de la plus grande chaîne de télévision chinoise, CCTV1 : "Il est temps de parler de la demande croissante de produits illégaux issus de la vie sauvage, qui engendre le trafic et le rend lucratif", a-t-il abordé de front, espérant sensibiliser un auditoire qui fait - à tort, comme le démontrent les données scientifiques aujourd'hui à disposition - de ces "produits" (cornes de rhinocéros, défenses d'éléphants et autres) un ingrédient prisé de pharmacopées et croyances traditionnelles.
Ce n'est pas un jugement du passé. C'est l'acceptation du monde tel que je le vois aujourd'hui, du monde dont je veux que mes enfants, George et Charlotte, héritent.
William, qui s'était déjà alarmé dans de précédentes allocutions du rythme insensé de la disparition des grandes espèces de l'Afrique sauvage, a cette fois inclus sa fille la princesse Charlotte de Cambridge - une vraie petite "lady" - à son propos, pour lui donner encore davantage d'impact : "En 33 ans, depuis que je suis né, nous avons perdu 70 % de la population des éléphants d'Afrique. Sur ceux qu'il reste, 20 000 sont tués chaque année - 54 éléphants tués chaque jour. A ce rythme, les enfants nés cette année - comme ma fille Charlotte - verront les derniers éléphants et rhinocéros mourir avant leur 25e anniversaire." Le compte à rebours est enclenché. "La bonne nouvelle, c'est que nous sommes loin d'être impuissants dans ce combat, nous pouvons inverser la tendance de l'extinction", a-t-il toutefois souligné.
Sans porter de jugement sur les traditions et les agissements passés, le duc de Cambridge a loué l'évolution des mentalités de certains praticiens chinois qui ont renoncé à ces "recettes" d'un autre temps, insistant sur l'importance de changer de mentalité en donnant sa propre famille pour exemple : "Jusqu'à il y a une centaine d'années, mes ancêtres faisaient partie de ceux qui n'avaient guère de scrupules à acquérir de l'ivoire, sans rien savoir des menaces d'extinction, de la corruption et de la violence que le trafic de l'ivoire allaient engendrer. Mon rejet de l'ivoire, aujourd'hui, n'est pas un jugement des générations passées. C'est l'acceptation du monde tel que je le vois aujourd'hui, du monde dont je veux que mes enfants, George et Charlotte, héritent."
Ce discours important du prince britannique, et ce numéro de Let's Talk conviant également l'aventurier télégénique Bear Grylls, le naturaliste Sir David Attenborough et l'ex-basketteur Yao Ming, intervenaient à l'occasion de l'arrivée du président chinois Xi Jinping à Londres pour une visite d'Etat de quatre jours qui sera marquée ce mardi soir par un banquet officiel auquel William prendra part avec son épouse la duchesse Catherine de Cambridge. Si les amoureux du gotha sont depuis plusieurs jours fébriles au sujet... du diadème que Kate arborera pour ce qui sera son tout premier dîner d'Etat, toute l'attention de son mari sera concentrée sur son combat et le soutien espéré du président Jinping, auprès duquel il avait déjà plaidé en mars dernier, lors d'une visite officielle en Chine. Il s'était d'ailleurs félicité que le chef d'Etat chinois et son homologue américain Barack Obama signent un accord fondateur pour endiguer le trafic des espèces menacées.
G.J.