S'il doit se trouver encore des observateurs suédois pour se montrer sceptiques quant à savoir si l'engagement de la princesse Madeleine est à l'aune de ses émoluments issus des caisses de l'Etat, la fille cadette du roi Carl XVI Gustaf et de la reine Silvia peut se prévaloir d'avoir tapé dans l'oeil des Américains : la revue Town & Country lui a en effet réservé une place dans son dossier consacré aux 11 nouveaux visages de la philanthropie.
Installée depuis 2010 à New York, où elle a rencontré celui qui est devenu le 8 juin 2013 son mari, Chris O'Neill, avec qui elle attend son premier enfant (une petite fille) pour le début du printemps 2014, la princesse Madeleine, âgée de 31 ans, consacre toute son énergie à la World Childhood Foundation. Pour le compte de la fondation en faveur de l'enfance créée et présidée par sa mère la reine Silvia, la soeur cadette de la princesse héritière Victoria a passé pas loin d'un an et demi à mettre sur pied la grande campagne virale ThankYou by Childhood, qu'elle a lancée et promue en personne à la rentrée 2013. Et qui lui a visiblement valu une certaine considération outre-Atlantique.
Vénérable mensuel, qui peut se targuer d'être la plus ancienne publication généraliste américaine éditée sans interruption (depuis sa création en 1846 sous le nom de The National Press), Town & Country conclut son diaporama des révélations de la scène philantropique avec la princesse Madeleine. Et n'hésite pas à la comparer à... Lady Di !
Dans la fiche signalétique adjointe à un portrait de la princesse et dédiée à ses accomplissements, on lit :
"BUT : Protéger les enfants de toute forme d'exploitation partout dans le monde.
METHODE : La princesse Madeleine, tête couronnée suédoise de 31 ans (qui attend elle-même un enfant), travaille pour la branche américaine de la World Childhood Foundation, instaurée en 1999 par sa mère la reine Silvia. Cet automne, elle a lancé l'adorable campagne ThankYou, une opération de sensibilisation qui offre aux gens d'envoyer gratuitement des MP3 à ceux qui leur ont permis de vivre une enfance heureuse.
MERITE UN PRIX POUR : Marcher dans les pas de la princesse Diana en faisant preuve d'une authentique connexion avec les personnes qu'elle rencontre dans le cadre de son travail."
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Town & Country n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il s'agit de jeter des fleurs... Et si les médias américains se sont clairement entichés de royauté depuis le mariage du prince William et de Kate Middleton en avril 2011, difficile de concevoir qu'on puisse si hâtivement établir ne serait-ce qu'un début de parallèle entre Lady Di et son engagement humanitaire exemplaire, dont l'influence se ressent encore seize ans après sa mort, et la princesse Madeleine, qui fait des débuts certes encourageants mais n'a sans doute pas encore un impact international aussi important - en dépit de ses publications humanitaires fréquentes sur son profil Facebook, où elle a fièrement relayé l'article de Town & Country - que celui que lui prête la revue. A suivre...
La princesse Madeleine de Suède partage les lauriers du dossier spécial de Town & Country avec entre autres Lauren Powell-Jobs, veuve de Steve Jobs engagée notamment en faveur de l'excellence à l'école et dans le monde entrepreneurial, le maire sortant de New York Michael Bloomberg et ses dons colossaux, John Kluge Jr., qui a fait de l'accès universel aux sanitaires son cheval de bataille, Laura et John Arnold, engagés pour la transparence étatique, la recherche scientifique, l'éducation et la justice, Amanda Lindhout, journaliste enlevée, séquestrée et violée en 2008 en Somalie qui a néanmoins choisi de fonder une association pour aider ce pays, Jessica Jackley, fondatrice de Kiva (un site permettant aux internautes de financer des projets de micro-développement dans les pays en voie de développement), ou encore Leonardo DiCaprio (qui mérite selon le mensuel un prix pour avoir levé 38,8 millions de dollars en une soirée).
Rappelons tout de même que Town & Country semble relativement enclin à s'emballer quand il s'agit de têtes couronnées. En 2012, le mensuel avait désigné prince Harry, dans le sillage du scandale de sa partie de strip billard à Las Vegas, comme étant le célibataire le plus prisé de la planète, parmi 40 stars toutes catégories confondues, parmi lesquelles George Clooney, par exemple, mais aussi le prince Carl Philip de Suède, frère de Madeleine dont les Américaines ignorent pour la plupart jusqu'à l'existence. La petite notice consacrée par la revue à Harry relevait plus du plaisir solitaire que de l'information : "Il flirte et pilote un hélicoptère Apache avec le même aplomb", "il aime les blondes Bardot, les poneys de polo et déconner", "Habitat naturel : les clubs de Mayfair", pouvait-on lire. Quant au commentaire accompagnant son "sacre", il parle de lui-même : "C'est le joker royal, le méchant garçon, celui qui s'amuse avec les filles, s'éclate au milieu de la foule, boit trop et rentre chez lui au mauvais moment. C'est pour cela qu'on le préfère à tous. Il n'a peut-être pas une intelligence qui atteint des sommets - il était un élève nonchalant à Eton, et il a préféré aller à l'académie militaire royale de Sandhurst plutôt qu'à l'université -, mais il est plus cool et plus attirant que son frère aîné, aussi doux William soit-il."