Depuis que le Paris Saint-Germain est passé sous pavillon Qatari, le club de la capitale évolue dans une nouvelle galaxie, où les chiffres n'ont plus grandes considérations. Après avoir tenté, en vain, d'attirer David Beckham, les dirigeants du PSG ont enrôlé Carlo Ancelotti avec la perspective de monter l'un des squads les plus compétitifs d'Europe.
Un PSG nouveau
Pour réussir leur pari, les nouveaux propriétaires ont ouvert les vannes pour recruter à prix d'or et à tour de bras ce qui se fait de mieux en Europe. Lors de l'été 2011, c'est Javier Pastore, jeune prodige argentin d'une vingtaine d'années qui rejoignait la Ville Lumière pour la modique somme de 42 millions d'euros. Un premier coup d'éclat qui en appelait d'autres, Thiago Motta, Salvatore Sirigu ou encore Alex rejoignant le PSG par la suite.
Mais le véritable coup de tonnerre est arrivé cet été, avec la signature de deux des meilleurs joueurs du monde, le Suédois Zlatan Ibrahimovic et le défenseur brésilien Thiago Silva. Au total, Paris aura versé 62 millions d'euros pour arracher les deux joueurs au Milan AC. Plus que la somme des transferts, sans commune mesure avec ce que la Ligue 1 avait connu jusque-là, c'est le salaire des deux stars qui interpelle l'opinion publique, les politiques en tête.
Des salaires extravagants
Zlatan Ibrahimovic touchera ainsi un salaire net annuel de 14 millions d'euros nets d'impôts, ce qui en fait le second joueur le mieux payé au monde. Quant à son partenaire Thiago Silva, dont les dispositions du contrat avait été tenues secrètes jusque-là, elles ont été révélées par le site brésilien IG Esporte qui s'est procuré le document. Et autant dire que celui que l'on considère comme le meilleur défenseur du monde est plutôt bien loti...
Outre un salaire mensuel de 780 000 euros nets d'impôts (soit 9,3 millions d'euros par an), l'homme aura le droit à tout un tas d'avantages et de primes prévus par le contrat. Jugez plutôt : Thiago Silva touchera 257 000 euros s'il est champion de France, 193 000 autres euros si le PSG se qualifie directement pour la prochaine Ligue des champions, 161 000 euros pour une victoire en Coupe de France, sans oublier 650 000 euros en cas de triomphe en Ligue des Champions. Et au cas où les fins de mois seraient difficiles, le PSG a ajouté huit voyages pour toute la famille à destination du Brésil... En outre, et en contrepartie, il s'engage à respecter une certaine charte éthique définie par le PSG, qui lui versera alors 41 100 euros si tous les principes de cette dernière sont respectées.
Des salaires mirobolants - un mois de salaire de Thiago Silva équivalent à 700 SMIC - qui font grincer des dents. Honteux, inappropriés, scandaleux sont les adjectifs qui reviennent souvent pour dénoncer cet état de fait. Pourtant, attirer les meilleurs joueurs a un prix. Un prix à mettre en perspective sur le long terme, afin d'analyser ce que rapporte réellement les joueurs à leurs clubs. Car derrière cette cascade de chiffres, il y a une véritable stratégie mise en place par le club de la capitale, qui espère ainsi accroître sa notoriété, développer son merchandising, attirer de nouveaux sponsors et faire connaître la marque PSG à travers le monde en glanant des titres et en rivalisant avec les plus grands clubs européens.
Footeux et acteurs
Mais les joueurs méritent-ils réellement ce salaire à cinq zéros ? C'est l'éternelle question. Celle-ci ne se pose également lorsqu'il s'agit d'acteurs. A titre d'exemple, Tom Cruise a encaissé la bagatelle de 75 millions de dollars entre mai 2011 et mai 2012, loin des 12 millions d'un Zlatan Ibrahimovic. Idem pour Leonardo DiCaprio et Adam Sandler avec 37 millions de dollars. En France, l'écart n'est pas si grand cependant. Dani Boon a ainsi engrangé pas moins de 7,5 millions d'euros en 2011. Une exception, dans la mesure où ses poursuivants, François Cluzet et Vincent Cassel, tournent autour de 2,5 et 3 millions d'euros. Cependant, l'argument peut également être avancé de l'exception pour Thiago Silva et Zlatan Ibrahimovic. Deux joueurs d'exceptions au même titre que les Lionel Messi, Cristiano Ronaldo, Franck Ribéry ou encore Wayne Rooney qui touchent entre 10 et 13 millions d'euros.
A l'instar des acteurs qui attirent des millions de spectateurs dans les salles, les meilleurs joueurs attirent les fans dans les stades, sans compter les retransmissions audiovisuelles qui peuvent scotcher plus de 10 millions de spectateurs devant leurs postes. A considérer le foot comme un spectacle, les salaires ne sont donc pas si démesurés, par rapport aux autres artistes, et notamment ceux du Septième Art.
De plus, sans entrer dans les considérations micro-économiques, les joueurs parisiens vont ainsi payer des impôts sur le sol français. A titre d'exemple, Zlatan Ibrahimovic devrait rapporter entre 19 millions et 56 millions d'euros si la taxe Hollande si décriée entrait alors en vigueur...
Si les chiffres bruts peuvent paraître choquants, ces salaires sont également rendus possibles par un marché ultra-concurrentiel où quelques grands clubs aux moyens infinis tentent d'attirer les meilleurs joueurs du monde. Et pour convaincre ces derniers, en plus du challenge sportif, les dirigeants n'hésitent plus désormais à aligner les zéros sur les bulletins de salaire. Une logique qui prévaut pour le cinéma, où les studios rétribuent comme il se doit les acteurs bankable pour assurer un minimum de visibilité à leurs productions.
Avec l'arrivée d'investisseurs aux finances sans fonds, le PSG est donc entré dans une nouvelle catégorie à laquelle la Ligue 1 et la France en général n'étaient pas habituées. Mais avec l'ambition de concurrencer des clubs comme le FC Barcelone, Manchester United ou le Real Madrid, Paris est passé à la vitesse supérieure en terme de recrutement et de salaire. Désormais, il ne reste plus qu'à gagner, pour éviter le flop.