

Le compte d'Instagram d'Emmanuelle Seigner lui sert à partager des moments choisis avec ses followers, à faire part de ses coups de coeur, mais également de ses coups de gueule. Premier soutien de son mari, le cinéaste controversé Roman Polanski, l'actrice et chanteuse a posté un message de colère sur le réseau social, à la lumière de la présentation du film de Quentin Tarantino, Once Upon a Time... in Hollywood. En effet, dans ce long métrage en lice pour la Palme d'or, le cinéaste américain s'attarde sur le destin de Sharon Tate en 1969, femme de Polanski et assassinée alors qu'elle était enceinte par des sbires du gourou Charles Manson. Le traitement de ce drame n'a pas plu à celle qui a épousé le réalisateur du Pianiste en 1989 et a eu deux enfants avec lui, Elvis (21 ans) et Morgane (26 ans).
Emmanuelle Seigner a ainsi écrit en légende d'une photo de Sharon Tate et Roman Polanski : "Comment peut-on se servir de la vie tragique de quelqu'un tout en le piétinant... à méditer (je parle du système qui piétine Roman). Petit ajustement, car je vois que plein de gens ne comprennent pas mon propos. Je ne critique pas le film. Je dis juste que ça ne les dérange pas de faire un film qui parle de Roman et de son histoire tragique et donc de faire du business avec ça, alors que de l'autre côté, ils en ont fait un paria. Et tout cela sans le consulter bien sûr. Que le film soit bien, heureusement, j'ai envie de dire. Mais le concept me dérange."
Emmanuelle Seigner se plaint donc que Quentin Tarantino et ses producteurs fassent un film sur le drame de Sharon Tate et de Roman Polanski, tout en faisant partie de ceux qui ont critiqué les actes du réalisateur, plus précisément cette sombre affaire de viol sur mineure qui remonte à 1977. Se sentant piégé par la justice américaine au cours du procès, il avait fui les États-Unis en 1978. Il a ensuite vécu en France, en Pologne et en Suisse, pays d'où il ne peut pas être extradé vers les États-Unis. Récemment expulsé de l'Académie des Oscars à l'instar de Bill Cosby, Roman Polanski a vu surgir à de nombreuses reprises son nom lors de cette libération de la parole des femmes incarnée par les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc, en France. Il avait dézingué ce qui lui semblait être "une hystérie collective, du genre de celles qui arrivent dans les sociétés de temps à autre" (Newsweek, édition polonaise).
Mais qu'a dit précisément Quentin Tarantino qui pourrait expliquer la colère d'Emmanuelle Seigner ? Dans une interview datée de 2003 pour l'émission radio d'Howard Stern, Quentin Tarantino déclarait dans un premier temps : "Il n'a pas violé une fille de 13 ans [Samantha Geimer, NDLR]. C'était une atteinte sexuelle sur mineur, pas un viol. Pour moi, quand on parle de viol, cela implique de la violence – c'est l'un des crimes les plus violents au monde. Vous ne pouvez pas utiliser le mot 'viol' à tout-va. (...) Elle le voulait, elle sortait avec lui." Cependant, lorsque ces propos ont été exhumés en 2018, à l'ère #MeToo, la pilule n'est pas passée. Face au tollé et à la remise en question des moeurs et des mentalités aujourd'hui, l'Américain avait fait son mea culpa dans The Wrap, rapporté par Le Parisien : "Je souhaite m'excuser publiquement auprès de Samantha Geimer [la victime, NDLR], pour mes remarques indécentes. (...) Mme Geimer a été violée par Roman Polanski. Je m'étais incorrectement fait l'avocat du diable par provocation."
Au cours de la conférence de presse à Cannes de son film ce 22 mai 2019, Tarantino a simplement déclaré ne pas avoir présenté sa version au réalisateur du Pianiste, mais il a glissé à quel point il admirait son travail, et notamment son film culte Rosemary's Baby.