Rafael Nadal a envoyé un signal fort, et Roger Federer l'a reçu cinq sur cinq. Pour leur cinquième opposition sur l'ocre de Roland-Garros, l'Espagnol a imposé sa loi au Suisse, et mis un terme triomphal à une quinzaine qui avait débuté dans le doute et dans la tempête portant le nom de Djokovic.
Dimanche, sur le central Philippe-Chatrier, Rafael Nadal, 25 ans, s'est employé pour contenir les assauts d'un numéro trois mondial à l'inspiration retrouvée : souvent agressé par Roger Federer, qui, auteur d'un parcours aux allures de résurrection couronné par sa victoire sur Novak Djokovic en demi-finale (privant le Serbe du record absolu de matches remportés d'affilée), n'avait d'autre choix que de prendre l'initiative pour tenter de désarçonner l'implacable Majorquin, Rafa n'a pas fléchi, a fait étal de son volume physique de gladiateur, a dévoré les lignes, a imposé une longueur de balle usante, et a haussé le ton pour préserver son fief quand il le fallait, comme dans ce tie-break victorieux dans le deuxième set ou encore ce quatrième set où il a empêché son rival de s'engouffrer dans la brèche du troisième. "C'est souvent comme ça pour moi face à Rafa", philosophait avec le fair-play qui le caractérise Roger Federer, heureux d'une quinzaine qu'il n'espérait pas si fructueuse et désormais tourné vers Wimbledon, un jardin à reconquérir, et ajoutant joliment : "Je pense qu'il est content d'être Rafa, et moi je suis content d'être Roger. C'est pourquoi on aime bien jouer l'un contre l'autre." (source : L'Equipe)
Au final, le guerrier espagnol l'emporte 7-5, 7-6 [3], 5-7, 6-1 en 3h40, soulève pour la sixième fois la Coupe des Mousquetaires - tandis que Jim Courier console Federer -, égale en cela le record de Björn Borg, et signe son dixième succès en Grand Chelem. Bonus à la gagne : le Taureau de Manacor a fait taire ses détracteurs avec classe, qui prédisaient déjà son déclin après sa première semaine difficile à Paris. "Ce sixième titre est peut-être également spécial parce que c'était vraiment dur, a-t-il d'ailleurs admis après la finale. Quand tu te bats si fort, quand tu donnes tout pour atteindre ton but les émotions sont différentes. Quand j'ai gagné en 2008 je n'avais quasiment pas l'impression d'avoir remporté Roland-Garros car c'était trop facile."
De l'émotion, il y en avait également en tribunes. Du côté des nombreux people présents comme de coutume pour l'ultime passe d'armes de la quinzaine, c'est l'admiration qui dominait. Mais dans les clans suisse et ibérique, l'émotion se déclinait dans tous les tons. Si Roger avait sa Mirka fidèle au poste, c'est bien Maria Francisca Perello, dite Xisca, qui a gagné la bataille des tribunes. Assise derrière le staff de Rafa et les oncles Miguel Angel et Toni, la chérie de longue date de l'Espagnol a, plus que lors des tours précédents, laissé transparaître ses émotions, vivant la finale. Formant avec la mère (Ana Maria) et la soeur (Maria Isabel) de Rafael un "clan des mujeres" particulièrement actif au sein de la colonie espagnole survoltée, Xisca a donné de la voix et épaulé son champion, son bien-aimé depuis maintenant quatre ans, jusqu'à la délivrance. Le sport... côté coeur.
G.J.