Censuré et décomplexé (Bar de l'hôtel), chahuteur et chahuté (Patriote), et plus globalement inspiré avec son dernier album, Pacific 231, Raphaël le rebelle se réinvente en puncher avec son nouvel album, Super-Welter, à paraître le 22 octobre 2012.
L'artiste de 36 ans, visage pâle au physique frêle et au tempérament tortueux, semble à l'aise dans sa catégorie (les poids super-welters sont situés entre 66 et 70 kilos) et brandit effrontément les poings dans le clip de Manager, premier extrait de Super-Welter : "Fais gaffe, j'ai pas peur", prévient-il en ouverture, le regard bleu acier planté dans l'objectif tandis qu'un tatoueur se charge de le parer de peintures de guerre.
Sur fond de sons synthétiques très british, sur la toile d'une partition élégiaque à la Coldplay et consorts mais qui parvient étrangement à ne pas étouffer la voix ténue du compagnon de Mélanie Thierry, le voilà qui s'élance haletant dans un corps à corps haletant avec un adversaire coriace : l'amour. Derrière ce "fais gaffe, j'ai pas peur", pointe pourtant une trouille certaine. Sinon, pourquoi se cacher derrière son manager ("Je t'envoie mon manager") ?
Et tandis que Raphaël fait pleuvoir les punchlines comme autant de coups ("Un charter pour l'amour, ça sonne comme la mort (...) Un low-cost pour l'enfer (...) Trop de blues dans nos combats/De lose, de dogme, de romans fleuves"), haletant sous le poids de l'effort, le clip qu'il a lui-même réalisé met en scène l'euphorie d'un jeune homme enamouré. Par un bel effet de style (avec Olivier Dahan, Samuel Benchetrit et Jacques Audiard parmi ses collaborateurs des dernières années, il a été à bonne école), au bout de 75 secondes, soit à la moitié précisément du morceau, le temps diégétique s'inverse soudainement pour nous ramener aux aventures sentimentales de l'adolescent, cause de sa transe.
Des images de passion qui s'accompagnent, en bande originale, d'une maxime douce-amère : "Fais gaffe à l'amour, un jour ça te tombe dessus sans que t'aies pu rien y faire." 150 secondes pour un punch caressant bien managé, qui touche direct au coeur.
G.J.