Avant son départ en tournée, qui a débuté le 15 novembre à Montpellier, Régine a accordé une interview fleuve à nos confrères de Purecharts. L'ancienne "reine de la nuit" revient sur l'origine de ses plus belles chansons et sa collaboration prolifique avec Serge Gainsbourg. Avec le franc-parler qui la caractérise, elle égratigne aussi au passage quelques personnalités, comme Jean-Jacques Goldman.
Je ne vais pas aller plus loin parce que je finis par dire des horreurs sur tout le monde !
Pour avoir osé critiquer Serge Gainsbourg, Lio et Catherine Deneuve en prennent pour leur grade : "Qui en a quelque chose à foutre de Lio et Catherine Deneuve ? On s'en fout de ce qu'elles pensent..." Régine, elle, dit ce qu'elle pense. Elle réagit à des déclarations de Catherine Deneuve et Lio : "Catherine Deneuve s'était quelques peu lâchée sur le père de Charlotte Gainsbourg dans TGV Magazine : "Je ne lui aurais pas tout raconté ; il buvait et parlait trop, parfois. Je ne sais pas si j'avais une totale confiance en lui." Lio n'a pas été tendre elle aussi avec lui quand elle a évoqué son admiration pour France Gall dans l'émission Village Départ sur France 3. "J'en ai rien à foutre qu'elle n'ait pas compris le sens des "Sucettes". C'est Gainsbourg qui était un vieux pervers de se moquer d'une gamine de 16 ans.". Pour Régine, Gainsbourg est intouchable !
Et lorsqu'elle parle des Restos du coeur, elle n'a pas oublié que Jean-Jacques Goldman n'a jamais voulu d'elle dans la troupe des Enfoirés. "Je ne l'ai jamais fait parce que Goldman n'a jamais voulu. Il a dit que moi, je m'occupais de la drogue. J'ai une énorme association anti-drogue. Et, selon lui, il ne fallait pas mélanger. Pas mélanger quoi ? Il y a beaucoup de drogués qui vont chercher à manger... Et en plus, la première personne qui a entendu parler des Restos, c'est moi. Quand on a remis la légion d'honneur à Alain Delon dans les locaux d'Europe 1, Coluche m'a prise à part. Il m'a dit : 'Pendant les deux ans qui viennent, je vais en profiter pour parler comme je veux, j'aimerais aider les gens qui n'ont pas à bouffer.' Je lui ai dit comment faire. L'idée des Restos n'est pas venue de moi, mais Coluche a voulu se servir de mon expérience. Il m'a posé des questions précises... Je lui ai dit que j'étais à sa disposition." Pierre Palmade et Patrick Bruel ont pourtant plaidé sa cause, mais rien n'y a fait : "Je trouve que c'est idiot de ne pas profiter de mon talent. Palmade lui a demandé, Bruel lui a demandé... Il a dit non. Ils ont dit : 'Elle serait formidable avec nous.' Parce qu'ils m'adorent. "
Jean-Jacques Goldman n'a pas non plus voulu lui écrire de chanson. Il lui a répondu à l'époque qu'il "n'oserait jamais". Ce n'est pas un regret pour Régine : "Je ne suis pas fan de Goldman. Peut-être qu'il l'a senti, je ne sais pas. Je ne m'attarde pas sur sa vie. Il est très riche, ça va très bien, malgré ses pulls déchirés et tout le bataclan... Il ne m'impressionne pas."
Quant aux Enfoirés, Régine a une opinion partagée : "C'est pas mon problème. Je trouve que ça a perdu de sa spontanéité, ils sont tous un peu fatigués. C'est moins drôle qu'avant. Et puis ce côté un peu déguisé n'importe comment... C'est aussi la femme de Coluche [Véronique Colucci, ex-femme de Coluche] qui veut absolument que ça continue. Je crois que les gens achèteront toujours un disque des Enfoirés. Pour aider. C'est une belle façon d'aider. Et ça a été bien plus loin que ce que pensait Coluche. Je ne vais pas aller plus loin, parce que je finis par dire des horreurs sur tout le monde !"
Alors qu'une triple compilation de ses cinquante plus belles chansons, dont l'inédit De ma p'tite poule à Mademoiselle, écrit par Félix Gray, vient de sortir ainsi qu'un nouveau livre de souvenirs, Mes nuits, mes rencontres (éd. Hors Collection), Régine avoue ne pas vivre dans la nostalgie. À 85 ans, elle réussit son pari de monter sur scène pour sa toute première tournée - qui l'occupera une bonne partie de l'année 2016. "Je ne suis pas nostalgique. J'ai des manques, comme tous les gens qui ont perdu une chose à laquelle ils tenaient beaucoup. C'est l'essence même de la vie. Mais la nostalgie pour la nostalgie, non. Parfois pendant trente secondes je peux me dire 'Oh, c'était bien ça'. Mais franchement, j'ai tellement à faire... Je comprends les gens qui n'ont rien à faire, qui sont à un âge avancé et qui ne sont pas bien, évidemment... Et encore. Les gens s'accrochent à la vie d'une façon formidable. J'ai des amis qui sont très malades, et je vois le courage, ils n'emmerdent pas les autres. Ils sont extraordinaires. J'ai plus d'admiration pour ça que pour la nostalgie."
L'intégralité de cette interview est à retrouver sur Purecharts.fr