Cinq ans après avoir été victime d'un AVC (accident vasculaire cérébral), Rika Zaraï continue de souffrir. La chanteuse de 74 ans espère pourtant surmonter ses douleurs pour de nouveau chanter et se lancer dans la réalisation d'un nouvel album. A l'occasion de la sortie d'une anthologie retraçant ses années de carrière, Rika Zaraï a reçu Le Parisien dans son cocon de la capitale où elle s'est reconstruite.
Une nouvelle demeure, elle qui a quitté son immense maison pour un appartement de plein pied en plein Paris, et pour qui le moindre effort est une souffrance. "Je ne supporte pas d'avoir passé quarante ans à courir de la terrasse au salon et me retrouver dans cet état. Je pensais être arrivée au summum de mes souffrances lorsque j'ai eu mon accident de voiture il y a vingt-cinq ans, avec trois traumatismes crâniens, le corps brisé, mais ce n'était rien à côté de ça..." confie-t-elle au Parisien dans son édition du 3 octobre. L'AVC qui l'a frappée le 8 juillet 2008 en pleine tournée Age tendre et tête de bois a bouleversé sa vie. Un événement qu'elle raconte sans ambage : "C'était une journée sans souci. Je venais de manger un yaourt dans la cuisine, je voulais rejoindre mon mari dans le salon. Ma main n'a pas pu éteindre la lumière et je suis tombée. Paralysée par un AVC à trois étages, le plus déformant."
Depuis ce drame, Rika Zaraï se reconstruit. Une interview dans l'émission 7 à 8 peu de temps après son AVC et une apparition surprise sur la scène du Casino de Paris, à l'occasion de la 15e édition de la Fête de la Tsekada (l'aumône aux nécessiteux) où une ovation l'attendait. "Je me suis coupé du monde parce que j'avais l'impression de ne plus être à la hauteur, se justifie l'interprète de C'est ça, la France et Sans chemise, sans pantalon. Je ne savais plus qui j'étais. Un jour, des amis m'ont emmenée au restaurant et, devant le menu, je me suis retrouvée sans voix. Je ne savais plus ce que j'aimais manger. Et, la nuit, je me levais six fois en me demandant où j'étais..." Les coups de fils se font de plus en plus rares, même si Laurent Baffie et Annie Cordy n'ont jamais cessé de prendre de ses nouvelles. "J'étais si malheureuse", ajoute-t-elle. Heureusement, elle peut compter sur son compagnon de toujours, Jean-Pierre, et son amie vétérinaire Lucille, venue s'installer à demeure et auprès de qui elle a tout réappris.
Rika Zaraï en a profité pour lire, beaucoup, et ainsi "rattraper le temps". Ses sujets favoris ? La santé et le corps humain, deux sujets sur lesquels elle avait écrit par le passé et qui lui avaient valu de nombreuses critiques : "Vous, les journalistes, vous aimez qu'on soit dans des cases, mais, désolée, le tiroir était trop étroit pour moi. Je ne suis pas une vieille midinette qui chante uniquement les fleurs, le ciel bleu. Je lis tous les jours pour apprendre." Résultat, la chanteuse s'est lancée dans la rédaction d'un nouvel ouvrage sur le cerveau humain. "Avec ce qui m'est arrivé, j'étais aux premières loges", glisse-t-elle avec malice.
Mais son actualité, c'est surtout la sortie de cet album, Rika Zaraï, anthologie 1960-1982. "Ça me fait du bien d'être toujours dans la vie, mais j'ai surtout envie de faire des nouvelles chansons, pas des anciennes. Les vieux disques, ça réchauffe, mais arrêtons de nous cacher, d'avoir peur. J'espère que ce disque marchera pour en un faire un nouveau", explique-t-elle plein d'espoir. Car malgré tout ce qu'elle a traversé, Rika Zaraï aimerait bien retrouver la scène et son public :"J'aime tellement chanter, le contact avec le public me manque, je vais essayer de toutes mes forces de revenir sur scène... Mais, vous savez, une nuit après l'AVC, j'ai failli mourir étouffée. J'ai eu si peur, je me demandais ce que l'on graverait sur ma tombe. Après ça, on prend les choses plus à la légère. Et, à vrai dire, on n'attend plus rien du tout."
Rika Zaraï, Anthologie, 1960-1982, deux CD chez Marianne Melodie