Blurred Lines est l'un des singles les plus téléchargés au monde avec presque 15 millions de copies, mais le tube de Robin Thicke et Pharrell Williams est surtout l'un des plus controversés des dernières années. Beaucoup dénoncent sa misogynie tandis que les héritiers de Marvin Gaye crient au plagiat. L'affaire se réglera devant les tribunaux, un procès se tiendra le 10 février 2015. D'ici là, la justice américaine a décidé de lever le secret sur la déposition des deux artistes... On y apprend que l'ex-époux de Paula Patton, était accro aux médicaments, à l'alcool et qu'il reconnaît n'y être pour rien dans l'écriture du titre. On lui doit également ce triste aveu : "Je n'ai pas fait un seule interview l'année dernière sans être défoncé."
Tristes confessions
La grande question à laquelle la justice américaine doit répondre est la suivante : Blurred Lines est-il un plagiat de Got to Give It Up de Marvin Gaye ? Robin et Pharrell maintiennent que les chansons, qui ne sont pas du tout dans la même tonalité, n'ont de commun que leur groove, un "feeling". Le souci majeur de Robin Thicke est de s'être réclamé de l'influence du chanteur dans ses interviews. Thicke évoque dans sa déposition, enregistrée en avril 2014, une tentative désespérée de s'attribuer le mérite du succès de Blurred Lines alors qu'il n'y était pas pour grand-chose. "J'étais jaloux et je voulais que l'on me reconnaisse. Je l'ai fait parce que Pharrell a fait presque tout le boulot et j'étais envieux." Robin Thicke en vient à raconter ses soucis avec le Vicodin, un antidouleur puissant, et l'alcool. Il se souvient à peine d'avoir enregistré Blurred Lines : "J'étais défoncé quand je me suis pointé au studio. (...) Quand neuf mois plus tard, la chanson a cartonné, j'ai voulu tirer la couverture à moi. Je me suis convaincu que j'y étais pour quelque chose. Je voulais qu'on me reconnaissance comme l'auteur de ce méga tube. Mais la réalité, c'est que Pharrell avait déjà le beat et a écrit presque toutes les parties de la chanson."
Le chanteur de 37 ans a brièvement évoqué sa vie privée devant la justice et les conséquences de ses abus de substances : "J'ai dit la vérité à ma femme. C'est pour ça qu'elle m'a quitté." Paula Patton et Robin Thicke s'étaient rencontrés adolescents et mariés en 2005. En février dernier, les parents du petit Julian (4 ans) annonçaient leur divorce. Thicke a dédié à son grand amour tout un album, Paula (sorti en juin 2014), qui n'a eu aucun effet sur l'intéressée et n'a pas non plus rencontré son public.
Pharrell à la rescousse
Si la déposition de Robin Thicke fera sans doute l'effet d'une bombe, celle de Pharrell Williams n'est pas dénuée de saveur. Si Robin n'a fait que chanter sur Blurred Lines, pourquoi a-t-il été crédité comme coauteur, ce qui lui permet de toucher entre 18 et 22% des droits d'auteur ? Pour Williams, c'est une pratique courante : "Cela arrive tous les jours dans notre industrie. On fait en sorte que les gens aient l'air plus impliqués qu'ils ne le sont en réalité dans l'écriture de leur chanson. C'est une manière d'embellir les choses." Ce que le producteur reconnaît en revanche à Thicke, c'est que sa voix et son groove y sont pour beaucoup dans le succès de Blurred Lines : "Dans ce pays, on ne donne pas assez l'occasion aux blancs avec des voix soul de s'exprimer. (...) Des gens comme Justin Timberlake ou Christina Aguilera qui n'ont pas toujours l'opportunité d'être entendus parce qu'ils font quelque chose de différent." Pharrell estime que s'il avait lui-même chanté le titre, l'impact n'aurait sans doute pas été le même. Il reconnaît avoir tout écrit, évoque l'absence de Robin Thicke en studio, mais assure qu'il n'a jamais eu l'intention de "faire du Marvin Gaye".
Le clan Gaye n'est pas tendre avec Robin Thicke, affirmant qu'il n'a cité le nom de son aîné que dans le seul but de vendre davantage de disques et qu'il a clairement reconnu sa malhonnêteté. L'avocat de Thicke, Howard King, souligne au contraire que le clan adverse "exploite la vulnérabilité de son client pour détourner l'attention de la faiblesse évidente de leur accusation de plagiat". Rendez-vous le 10 février 2015 devant monsieur le juge.