Ce 11 février 2015, la France a perdu Roger Hanin, 89 ans. Sept ans plus tôt, le très populaire comédien français faisait un choix qui allait faire basculer sa vie... mais pas comme il se l'imaginait.
Le 1er novembre 2008, Roger Hanin annonçait sur l'antenne de RTL qu'il mettait un terme à sa carrière d'acteur. "Je ne tournerai plus, je ne veux plus être acteur", déclarait le comédien au micro de Christophe Hondelatte. "Il n'y a ni amertume, ni nostalgie. J'ai fait mon tour, comme on dit. J'ai terminé. J'ai eu une carrière mirifique au sens littéral du terme. J'ai joué Othello, Macbeth, tous les grands auteurs, Pirandello, Beckett, Claudel, j'ai joué des grands rôles."
"Dans l'antichambre du paradis"
Poignant mais ferme, Roger Hanin, dont beaucoup mettent en exergue l'extrême générosité, confiait alors son "grand projet" : "Je vais vivre ! Sortir dans les grands restaurants, faire des voyages, lire, écrire, profiter du pognon que j'ai amassé sans avoir le temps de le dépenser jusqu'à maintenant", assurait l'acteur à la faconde notoire, qui disait alors entrer dans "l'antichambre du paradis". L'histoire, si elle retiendra aujourd'hui que Roger Hanin est en fait rapidement passé de l'antichambre au paradis, n'aura pourtant pas donné raison au légendaire interprète de Navarro.
En effet, dès lors, la vie de Roger Hanin bascule. Quelques mois après son intervention sur RTL, il est victime d'un malaise à Saint-Tropez. S'il s'en remet, l'état de santé du comédien à la retraite va se dégrader. "Il a eu une fin de vie difficile, confiait aujourd'hui son ami Jack Lang. À cause de son AVC survenu en 2009, il devait rester chez lui." Après cet incident, Hanin accumule les déconvenues, jusqu'à se faire opérer d'une double fracture du col du fémur en 2010 et à demander à être placé sous la curatelle de sa fille Isabelle, en 2011. Le rêve de voyages et de vie épicurienne a viré au cauchemar...
Début 2013, alors qu'on apprend l'assignation en justice déposée par un Roger Hanin en proie à de graves difficultés financières, à l'encontre de Gilbert et Jean-Christophe Mitterrand, pour récupérer les 300 000 euros que sa défunte épouse Christine avait prêtés à la famille de l'ancien président, son avocat, Me Pardo, donne des nouvelles peu rassurantes : "Il est malade et fatigué et a besoin d'une organisation complète chez lui. Cela a un coût réel que chacun ayant une personne âgée dans son entourage connaît. Il a besoin de gens qui s'occupent de lui."
Inhumé jeudi à Alger, selon sa volonté
Entouré des gens qu'il aime, Roger Hanin a rendu son dernier souffle à l'hôpital George Pompidou, à Paris, où il était hospitalisé depuis plusieurs jours, et c'est tout symboliquement Alexandre Arcady, réalisateur pied-noir (comme lui), qui a annoncé à l'AFP, à la sortie de l'hôpital, que son ami est décédé des suites d'une détresse respiratoire. Le cinéaste a indiqué mercredi soir, à la suite d'une cérémonie intime organisée à l'hôpital, en présence de proches (dont le journaliste Jean-Pierre Elkabbach et le grand rabbin de France), que le défunt serait inhumé jeudi à Alger, au cimetière israélite Saint-Eugène où repose déjà son père, sa dépouille étant rapatriée dans la matinée à bord de l'avion du président algérien Abdelaziz Bouteflika. Jeudi à 17h, une cérémonie religieuse à sa mémoire sera organisée à la synagogue de la rue Buffault, à Paris.
Roger Hanin, précise l'AFP, avait préparé ses obsèques et demandé aux autorités algériennes d'être inhumé à Alger, sa ville natale. Il va désormais vivre dans l'éternité. Qu'il repose en paix, à défaut d'avoir vécu l'épilogue qu'il avait joué d'avance...