"Ce que je ressens aujourd'hui ? De la rage". Roselyne Bachelot n'y va pas par quatre chemins quand nos confrères de l'Obs lui demandent ce qu'elle ressent face à la pénurie de masques en France, en cette période sombre de crise face au coronavirus. Et pour cause ! Ministre de la Santé en 2010 lors de l'épidémie de grippe A H1N1, la femme politique avait été jugée trop dépensière par certains.
Dans l'émission Pièces à conviction (diffusée sur France 3 en mars 2010) la journaliste Elise Lucet lui reprochait à demi mot d'avoir ordonné l'achat de "2 milliards de masques, 94 millions de doses de vaccins et 33 millions de traitements antiviraux" pour un coût conséquent de 2 milliards d'euros. Car finalement, l'épidémie de Grippe A de 2010 avait été en France moins meurtrière que ne l'est le Covid-19 aujourd'hui.
Et à l'heure où la France est en pleine pénurie de masques, les extraits de l'émission ressortent sur les réseaux sociaux et de nombreux internautes remettent désormais en cause le ton accusateur d'Elise Lucet et soulignent que Roselyne Bachelot avait finalement bien fait d'appliquer le principe de précaution.
À l'époque, cela m'a beaucoup atteinte
L'Obs a donc contacté l'ancienne ministre qui ne mâche pas ses mots : "J'ai été beaucoup attaquée pour ma gestion de la grippe A, on m'a accusée d'avoir gaspillé l'argent public, d'avoir mis en place des moyens disproportionnés (...) A l'époque, cela m'a beaucoup atteinte et, pendant longtemps, j'avais un tel sentiment d'injustice que j'en faisais un véritable blocage (...) Mais forcément, quand je vois que des soignants sont obligés d'aller au front sans protection, j'ai la rage."
Pas rancunière, Roselyne Bachelot se dit solidaire d'Olivier Véran, l'actuel ministre de la Santé qui "fait le job comme il peut avec les moyens qu'il a". La femme politique se félicite tout de même que des masques achetés en 2010, même si périmés, puissent servir aujourd'hui : "Heureusement qu'il en reste de ces masques périmés ! Certes, ils protègent moins bien. Mais c'est déjà bien. Si des gens ont des cartons de masques périmés, il ne faut surtout pas les jeter. Quand je pense à quel point ces fameux stocks de masques ont été un objet de moquerie..."
Sur Twitter, elle a également pris la peine de remercier les internautes pour les nombreux messages qu'elle reçoit depuis le début de la crise : "Je reçois beaucoup de messages de sympathie, de reconnaissance ... et même des excuses ! Soyez-en remerciés et pardon de ne pouvoir répondre à tous. Fille de résistants, je n'ai eu qu'un seul but dans mes fonctions publiques : servir les français. L'heure n'est pas à la rancoeur."
L'intégralité de l'interview accordée par Roselyne Bachelot est disponible en ligne sur le site de l'Obs.