Samedi soir, le sourire ravageur qu'on connaît au prince Harry et qu'on a pu admirer dernièrement alors qu'il jouait les maçons du coeur du côté de Manchester, surprenait des élèves d'une école militaire du Kent et même pendant une longue marche non loin de la frontière galloise, a disparu. Comme tout le peuple anglais (dont Michael et Carole Middleton ainsi que leur fils James, juste devant le prince) rassemblé en un énorme maul derrière le XV de la Rose dans l'espoir d'un exploit, le petit-fils de la reine Elizabeth II a vécu une soirée traumatisante : surclassée (13-33) dans son antre de Twickenham par l'Australie, impressionnante, l'Angleterre est éliminée de la Coupe du monde de rugby. Sa Coupe du monde. Comble de l'humiliation, c'est d'ailleurs la première fois dans l'histoire de la compétition que le pays organisateur n'accède pas à la phase finale...
Même très mal embarqués, les Anglais ont pu compter sur la ferveur de leur public, exemplaire... jusqu'à quelques minutes d'une issue devenue inéluctable, lorsque les gradins ont commencé prématurément à se vider. Premier supporter du XV de la Rose, le prince Harry, qui fut le premier maître de cérémonie de ce Mondial il y a quinze jours en sa qualité de président d'honneur de la compétition et vice-président de la fédération Rugby Football Union, a tout donné en tribunes - le réalisateur de la retransmission télévisée n'a d'ailleurs pas manqué de le faire passer à l'antenne à plusieurs reprises. Le compte Twitter officiel England Rugby n'a pas manqué non plus d'épingler sa détresse.
Si les Wallabies étaient clairement supérieurs à l'équipe anglaise, le sort de cette dernière s'est malheureusement joué lorsqu'elle a laissé échapper la victoire, quelques jours plus tôt, lors du duel fratricide contre le Pays de Galles. Un résultat qui avait fait la joie du prince William et de Kate Middleton, supporters gallois, et le désespoir du prince Harry, qui n'a pas arrêté de se chambrer avec son frère depuis le début de la Coupe du Monde. Le duc de Cambridge en remettait d'ailleurs une petite couche jeudi 1er octobre alors qu'il lançait un programme de leur fondation commune à Cardiff avant d'assister au nouveau succès du XV du Poireau contre les Fidji.
Des litres de bière n'auront pas suffi, pour les Anglais, à noyer la désillusion, et c'est un peu une ambiance de deuil national mêlée de colère qui règne aujourd'hui outre-Manche. Au point que, tandis que la presse ressasse la honte et fustige les coupables, le sélectionneur du XV de la Rose Stuart Lancaster et le capitaine Chris Robshaw ont présenté des excuses publiques, remerciant leurs supporteurs pour l'ambiance exceptionnelle dans laquelle l'Angleterre a évolué et appelant à soutenir la jeune génération prometteuse de cette équipe, traumatisée.
On soulignera enfin que, même dans le déshonneur, l'Angleterre a fait preuve d'un grand sens de l'honneur, en formant justement une haie d'honneur poignante pour ses valeureux bourreaux australiens. Une image du sport tel qu'on l'aime gravée dans les annales.