L'affaire du Bolchoï est en passe de connaître son épilogue. Interpellé mardi 5 mars, Pavel Dmitritchenko, soliste du théâtre, a avoué qu'il était bien le commanditaire de l'agression à l'acide dont a été victime le directeur artistique de l'établissement Sergueï Filine, en janvier dernier. D'après la presse russe reprise par l'AFP, le danseur aurait agi par vengeance, après que sa compagne a été privée d'un rôle phare dans le Lac des Cygnes, confirmant ainsi la piste de la police qui privilégiait une rivalité professionnelle.
Les forces de l'ordre ont pu ainsi mettre la main sur le commanditaire Pavel Dmitritchenko, l'agresseur Iouri Zaroutski et le chauffeur Andreï Lipatov, qui l'a conduit en bas de l'immeuble de Sergueï Filine, le soir de l'agression. Tous "ont reconnu leur culpabilité", selon la police de Moscou. A présent, le plus dur commence pour eux et ils devraient être inculpés pour avoir "porté gravement atteinte à la santé" de Sergueï Filine, actuellement en soin en Allemagne et atteint de brulures au troisième degré au visage et à la cornée.
Le commanditaire, Pavel Dmitritchenko, aurait agi pour venger sa compagne, la danseuse Angelina Vorontsova. Sergueï Filine lui aurait refusé le rôle d'Odette/Odile dans le Lac des Cygnes, selon la presse, un rôle majeur et déterminant dans le monde de la danse. "Au théâtre, on raconte qu'Angelina était frustrée parce que Filine ne la voyait pas dans ce rôle et elle aurait parlé de cette injustice criante à son professeur Nikolaï Tsiskaridzé et à son ami Pavel Dmitritchenko", raconte le journal Komsomolskaïa Pravda. Un choix qui aurait, selon la police, provoqué une "forte inimitié" du danseur pour Sergueï Filine.
Au Bolchoï depuis 2002, Pavel Dmitritchenko a incarné Spartacus et Ivan le Terrible. Soliste au caractère explosif, il ne fait pas partie des huit danseurs étoiles, le grade au-dessus dans la hiérarchie et devait se produire le 16 mars prochain pour La Belle au bois dormant. Ces aveux permettent pour l'instant de disculper Nikolaï Tsiskaridzé, rival notoire du directeur artistique du Bolchoï et accusé à demi-mots d'être responsable de l'agression par le directeur de l'établissement Anatoli Iksanov. Désormais, l'enquête se poursuit pour déterminer les circonstances exactes du crime.