Secoué par de multiples scandales et autres guerres internes depuis l'agression à l'acide de son directeur artistique Sergueï Filine, le Bolchoï est prié de redorer son image par les autorités russes. Pour mettre fin aux polémiques à répétition, le ministère de la Culture a donc frappé fort en limogeant le directeur Anatoli Iksanov. Ce dernier est remplacé par Vladimir Ourine, directeur du théâtre Stanislavski et Nemirovitch-Dantchenko, une autre scène prestigieuse de Moscou.
Lors d'une conférence de presse, Vladimir Medinski a expliqué que cette décision avait été prise en raison de la "situation difficile" dans laquelle se trouve le prestigieux théâtre depuis la terrible agression à l'acide de Sergueï Filine le 17 janvier dernier. Le ministre de la Culture a tout de même salué le travail d'Anatoli Iksanov. Celui qui sera désormais son conseiller a "travaillé au Bolchoï pendant 13 ans, il a beaucoup fait : la reconstruction est achevée, une nouvelle scène a été ouverte", a-t-il précisé. Mais tout le monde sait parfaitement que les forces humaines ont des limites. La situation difficile montre que le théâtre a besoin de renouvellement."
Un renouvellement qui ne pourra qu'être bénéfique pour le Bolchoï, secoué par une vague de scandales depuis plusieurs mois. L'atmosphère régnant au sein du théâtre a ainsi été décrite comme "malsaine" par de nombreux danseurs qui n'ont pas hésité à dénoncer les rivalités et les menaces ces derniers mois. Outre les guerres internes, une ex-soliste a même accusé le théâtre de prostituer ses danseuses.
Anatoli Iksanov n'est d'ailleurs pas le seul à faire les frais de ces polémiques. Le danseur étoile vedette Nikolaï Tsiskaridzé a ainsi été licencié au début du mois de juin par ce même Anatoli Iksanov, en guerre avec lui et qui n'avait pas hésité à le désigner comme responsable de l'agression de Sergueï Filine, son rival notoire. Et ce malgré les aveux du danseur du Bolchoï Pavel Dmitrichenko, en détention provisoire depuis mars dernier.
Le nouveau directeur souhaite donc désormais apaiser la situation. "Je ne compte pas faire de révolution et je comprends parfaitement que dans ce théâtre, comme dans n'importe quel autre, un homme ne peut rien faire tout seul", a-t-il déclaré. J'espère vraiment que la plupart des gens travaillant dans ce théâtre, des gens talentueux et remarquables, seront mes alliés, et ce n'est qu'ainsi que nous pourrons régler les problèmes actuels". Une arrivée qui a déjà le mérite d'avoir été saluée par les milieux artistiques. "Ourine est un directeur très expérimenté, qui a une vision très claire du théâtre musical contemporain", a commenté pour l'AFP Alexeï Parine, critique de théâtre et de musique. Quoi qu'il en soit, la tâche ne sera sûrement pas aisée pour Vladimir Ourine.