Sergueï Filine agressé à l'acide : Une star écartée du Bolchoï crie au complot

Outre l'arrivée en grande pompe de notre Gérard Depardieu, c'est l'affaire - bien plus grave - du Bolchoï qui a fait couler beaucoup d'encre en Russie ces derniers temps... Et six mois après l'agression à l'acide de son directeur artistique, ce n'est visiblement pas près de s'arrêter. Soupçonné d'avoir une responsabilité dans ce drame et en guerre avec la direction de l'établissement, le rival notoire de la victime, Nikolaï Tsiskaridzé, vient en effet d'être licencié. Une mise à l'écart dans laquelle le sulfureux danseur étoile voit un complot, comme il l'explique dans une interview au Figaro...

Jugé responsable de l'agression de Sergueï Filine, y compris au sein du Bolchoï, Nikolaï Tsiskaridzé se dit victime dans cette affaire. "Le monde entier connaît la vérité. Depuis six mois, je suis victime d'une mise en scène grotesque et de mensonges. Aucune raison ne justifie que je sois mis à l'écart ainsi, sans ménagement", déplore celui qui est une véritable star en Russie. "Tout ce cafouillage intervient au moment où la nouvelle production du Prince Igor, donnée ce 8 juin, essuie un échec retentissant. C'est un véritable scandale dans la presse russe. Et l'on a cru possible de le masquer en s'en prenant à moi", ajoute le très mégalo danseur.

En colère, Nikolaï Tsiskaridzé estime qu'il n'existe "aucune raison légale" à son licenciement après dix ans dans le prestigieux établissement. "Je n'ai reçu que deux avertissements sur les trois qui sont censés précéder le départ d'un membre de la compagnie", se défend-il. Accusé d'avoir envoyé une pétition à Vladimir Poutine pour prendre la place de Sergueï Filine, le danseur dément catégoriquement. "Je n'ai rien envoyé. Des personnes très influentes l'ont fait à ma place, considérant probablement que je méritais d'assumer ces responsabilités, au vu de mon ancienneté et de ma réputation."

Pour l'instant, il est vrai que Nikolaï Tsiskaridzé n'a pas été inquiété par la justice qui l'a seulement entendu comme témoin. C'est le danseur Pavel Dmitritchenko qui a été inculpé pour l'agression de Sergueï Filine, lequel aurait refusé un rôle majeur à sa compagne Angelina Vorontsova, après avoir fait ses aveux et ce malgré les protestations au sein du Bolchoï qui juge "absurde" sa culpabilité. "Je connais très mal Pavel, assure-t-il. Lui et moi n'avons jamais été en contact en dehors d'un contexte professionnel. Je ne savais rien d'ailleurs de sa liaison avec mon élève, Angelina Vorontsova, avant que cette affaire n'éclate. Néanmoins, je sais qu'il n'est pas plus coupable que moi. Angelina quitte le Bolchoï de son propre gré. Elle a aussi beaucoup souffert de la tyrannie que lui infligeait 'le pseudo-blessé'", soit Serguei Filine.

Car malgré les dix-huit opérations subies à ce jour par Sergueï Filine, qui tente toujours de retrouver totalement la vue, Nikolaï Tsiskaridzé ne montre aucune compassion, bien au contraire. "Tout cela est une vaste mise en scène. D'ailleurs, Filine n'a pas été examiné par des médecins russes. Et la loi ici ne tient pas en compte des diagnostics faits à l'étranger. Qu'il revienne à Moscou pour se faire examiner. Tout au long du mois de janvier, on a diffusé à la télévision des images de Sergeï en train de faire du sport. Il le dit même dans une interview: 'Je suis très en forme, j'ai demandé à ce qu'on m'apporte des haltères'. N'importe qui sait qu'après une opération des yeux, tout exercice physique est complètement proscrit", tacle le danseur. Des déclarations auxquelles Sergueï Filine et le Bolchoï ne devraient pas tarder à répondre...